Vivant actuellement une crise sanitaire sans précédent pour laquelle des mesures inédites ont été mises en place, les dispositifs publics de financement de la Recherche et de l’Innovation peuvent aider de nombreuses entreprises, notamment dans le secteur de l’architecture, des bureaux d’études et de la construction. Mais comment être au courant et trouver les bons canaux pour en bénéficier ?
C’est à ce titre que nous avons le plaisir de recevoir la société OL&DI Consulting qui aide les entreprises dans le cadre de leur transition digitale avec des aides spécifiques de l’état. Nous allons apprendre comment structurer son entreprise et la digitaliser grâce au co-fondateur de OL&DI Consulting, Guillaume Oliété qui répond à nos questions.
Guillaume OLIÉTÉ
Directeur des ventes
guillaume.oliete@oldi.fr
+33 (0)7 60 00 23 43
Bonjour Guillaume, bienvenu sur ABCD Blog. Pourriez-vous svp vous présenter ainsi qu’Oldi Consulting en quelques mots à nos lecteurs ?
Bonjour Emmanuel, tout d’abord je vous remercie pour cette interview qui je l’espère, servira à vos lecteurs à y voir un peu plus clair dans le monde du financement public de l’Innovation et de la Recherche.
Je suis responsable des ventes chez OL&DI Consulting, entreprise que j’ai rejoint dès sa création en janvier 2014. En effet, OL &DI Consulting fut créée pour impulser une nouvelle vision méthodologique dans le conseil stratégique et opérationnel en financement de l’Innovation et de la Recherche.
Quelles sont les principales activités et missions de votre société et comment êtes-vous organisés ?
OL&DI Consulting accompagne les entreprises pour structurer, optimiser et sécuriser leur stratégie et le financement public de leur recherche, développement et innovation (RDI). Nous conseillons et accompagnons nos clients dans le déploiement d’aides R&D et des dispositifs Crédit Impôt Recherche & Innovation. Nous sommes organisés autour de deux pôles, commercial et consulting. Nos consultants, à forte expertise technique (ingénieurs, docteurs) sont dotés d’une compétence métier éprouvée de plusieurs années dans le domaine de la RDI.
Historiquement, le secteur de l’AEC (Architecture, Ingénierie, Construction) était-il prioritaire pour vous ou est-ce venu naturellement et petit à petit avec la transition digitale que subit ce secteur ?
Ce secteur, à forte valeur ajoutée, fut prioritaire dès la création d’OL&DI Consulting. Nous avons rapidement identifié le potentiel des agences d’architecture en termes de RDI. Ces dernières n’en étaient pas vraiment conscientes, mais, par exemple, leurs travaux sur des demandes de logements diversifiés et de qualité, le fait d’offrir de nouvelles solutions constructives aux projets de rénovation urbaine et de satisfaire aux exigences croissantes de qualité environnementale et énergétique étaient des enjeux relevant de l’innovation et de la recherche dans l’architecture et la construction. La transition digitale est intervenue après et a nécessité une adaptation des agences et le développement de nouveaux outils et usages. Par exemple, la création de passerelles entre les différents logiciels BIM, l’amélioration de l’interopérabilité BIM, une méthodologie de conception avec le BIM, le développement d’applications peuvent relever de travaux de R&D et d’Innovation.
Quels types de services proposez-vous à ces acteurs ?
Nous proposons de les accompagner sur l’étude des possibilités d’obtention du CIR/CII et/ou subventions et sur la mise en oeuvre d’une méthodologie de valorisation des travaux de Recherche & Développement dans le but d’obtenir des économies d’impôts ou des apports en trésorerie. En effet, une société (PME) peut bénéficier d’une restitution immédiate de son CIR/CII si elle ne paye pas d’impôts.
Quels types d’acteurs pouvez-vous aider ? Uniquement les grandes agences et BET ou aussi les TPE, PME. Y-a-t-il une taille critique en dessous de laquelle vous ne pouvez agir ?
Nous accompagnons initialement tous types de sociétés, quels que soient leur taille et leur secteur d’activité. Le secteur des Services d’Architecture et d’Ingénierie est aujourd’hui l’un des plus dynamiques en termes de R&D et d’Innovation. En effet, on voit depuis quelques années, se multiplier les appels d’offres et chantiers d’envergure nécessitant des expérimentations et apportant de nouvelles solutions techniques et d’usages.
L’architecture est un domaine qui bénéficie d’une pluridisciplinarité des thématiques de recherche. On peut recenser des projets mettant en évidence des problématiques liées aux matériaux et aux techniques employées comme par exemple, les éléments structurels, les systèmes de ventilation, les parois techniques, etc…Mais aussi des méthodologies spécifiques de construction et de conception, des outils de modélisation ou bien encore des thématiques liées aux sciences humaines et sociales.
L’une des spécificités du domaine est liée aussi à la diversité des projets entrepris et notamment le niveau d’implication qui peut aller, du « simple » élément constitutif d’un bâtiment jusqu’au bâtiment, un ensemble de bâtiments, un quartier ou même territoire.
Le financement de la digitalisation et de la BIMisation sont clés pour bon nombre de ces acteurs. Mais ils n’auraient pas naturellement pensé à s’adresser à une structure comme la vôtre, puisque vous parlez de R&D et d’Innovation pour bénéficier de ce type d’aides. Que leur répondez-vous ?
Le BIM fut introduit depuis une dizaine d’années. Ce processus n’est pas encore bien maîtrisé par les agences et les bureaux d’études. La transition numérique est inévitable mais elle demande de mettre en place une méthodologie et des pratiques qui peuvent engendrer des verrous techniques et donc nécessiter des démarches méthodologiques et technologiques et des développements en interne pour faciliter ce passage au numérique collaboratif et transformer les pratiques quotidiennes parfois bien ancrées et difficiles à changer. Comme évoqué plus tôt, la création de passerelles entre les différents logiciels BIM, l’amélioration de l’interopérabilité BIM, une méthodologie de conception avec le BIM, le développement d’applications peuvent relever de travaux de RDI et donc leur permettre de bénéficier du CIR ou du CII. En revanche, l’achat ou la location de licence et de matériel n’est pas éligible.
Justement, à quels types d’aides une agence d’architecture, un BET ou une entreprise peuvent-ils prétendre ? Et qui finance réellement en arrière-plan ? L’Etat ou des banques ?
Les agences d’architecture et les bureaux d’études peuvent bénéficier du dispositif Crédit Impôt Recherche. Architectes D.P.L.G. et ingénieurs interviennent dans les cabinets d’architecture et les bureaux d’études, bien souvent sans le savoir, à un ou plusieurs niveaux de ces domaines de recherche. À ce titre, les métiers de l’architecture et de l’ingénierie correspondent aisément aux critères d’éligibilité du Ministère de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (le MESR). Les salaires et charges de ces personnels qualifiés ayant participé aux tâches de R&D sont donc intégrables dans l’assiette de calcul du CIR.
Le CIR distingue trois types de recherches :
- La recherche fondamentale,
- la recherche appliquée,
- le développement expérimental (ce dernier représente plus de 90% des dossiers CIR valorisés en France).
Les thématiques fréquentes sont : le développement durable et ses déclinaisons autour de solutions techniques et architecturales d’économies d’énergies, la recherche du confort et la prise en compte des évolutions d’usages, la modularité, la gestion de l’eau, la ville connectée, l’apport de nouvelles méthodologies et techniques de réhabilitation des bâtiments, etc.
Certains projets impliquent une recherche très spécifique. Les hôpitaux, les théâtres, les laboratoires ou encore les bâtiments administratifs peuvent constituer des terrains d’expérimentations spécifiques au vu de l’évolution des besoins de l’homme et de la société et des technologies, qui peuvent engendrer des incertitudes scientifiques ou techniques à lever.
Dans certains cas, selon les projets de recherche envisagés, il leur est possible d’obtenir des subventions. Toutes ces aides sont financées par l’Etat afin de dynamiser l’Innovation sur le territoire. Ce qui permet également à la France de rayonner dans le monde en termes de RDI.
Comment entrez-vous en action ?
Notre mission est de discerner les activités pouvant donner droit au crédit d’impôt recherche ou innovation. Nous sommes là également pour aider l’entreprise à identifier les verrous scientifiques/techniques/technologiques rencontrés et à présenter la démarche itérative du projet pour les lever. Enfin, nous accompagnons la rédaction du dossier justificatif. Il s’agit là d’un point essentiel. La description des travaux de recherche doit, en effet, être cohérente et illustrée de mesures ou de résultats tangibles.
D’autre part, nous identifions également des sujets de recherche futurs de l’entreprise et potentiellement des axes de recherche, qui seraient éligibles à des appels à candidatures de subventions. Dans ce cas, nous les aidons à structurer leur projet pour le présenter au guichet financeur.
Doivent-elles ensuite rembourser ces aides ?
Concernant les crédits Impôt Recherche et Innovation, par définition, ces aides ne sont pas à rembourser mais peuvent faire l’objet d’un contrôle de l’administration. L’analyse de l’administration épaulée par le Ministère de la Recherche se fait sur des critères objectifs clairement définis. Il est donc légitime que l’État, qui dispense des fonds publics, en exige la bonne application. Aujourd’hui, l’administration effectue plus de demandes d’information au moment de la déclaration que de contrôles a posteriori. Très peu de redressements font suite à un contrôle (moyenne française inférieure à 5%). Le risque n’est pas le contrôle fiscal en lui-même, mais de s’engager dans la sollicitation du CIR sans y être préparé et sans y accorder toute la rigueur nécessaire. Les rejets sont extrêmement rares, voire inexistants, pour les dossiers que nous montons et que nous suivons. En effet, nous analysons en priorité les opérations et les activités de nos clients au vu de leur éligibilité au CIR.
Concernant les subventions, l’entreprise peut soit bénéficier d’une réelle subvention qui ne sera pas à rembourser, ou alors avoir accès à des avances remboursables qu’elle devra rembourser selon un échéancier défini au préalable.
Comment vous rémunérez-vous sur ce suivi de haute qualité ?
Tout d’abord, nous proposons un premier échange, souvent téléphonique, afin d’expliquer le fonctionnement de ces aides, leurs modes d’applications et en déterminer la pertinence pour l’entreprise. Si nous estimons que plusieurs indicateurs sont identifiés, nous proposons à la société de les accompagner dans l’identification des axes de recherche, de développement ou d’innovation et le déploiement des dispositifs. Pour ce faire, nous proposons généralement, pour les TPE et PME, une rémunération en pourcentage sur la base des crédits d’impôts obtenus. Ce système gagnant gagnant permet à nos clients de nous rémunérer à hauteur des montants perçus. Notre accompagnement comprend l’ensemble des coûts liés à notre mission, les déplacements, les audits, la rédaction des dossiers techniques, les échanges avec l’administration et le MESR ainsi qu’une assistance, si nécessaire, durant les trois années de prescription fiscale.
Pour les sociétés utilisant ces aides depuis de nombreuses années et les grands groupes, nous proposons des forfaits basés sur les montants d’aides qu’ils ont perçus les trois années précédentes.
Quels résultats obtenez-vous après quelques mois de financement de ces entreprises ou agences et BET ? Est-ce une digitalisation pérenne ?
Les entreprises utilisent ces financements pour moderniser leur structure notamment par le biais de nouveaux logiciels, nouveaux équipements techniques, formations du personnel. Les financements permettent également aux entreprises de récupérer une partie des investissements réalisés en cas d’échecs techniques de leurs projets de recherche. La digitalisation est inévitable et les acteurs du domaine ont besoin de ces fonds pour participer à l’investissement qui en découle, tant en termes de moyens que de matière grise. Les pratiques évoluent lentement du fait de l’écart de niveau entre les différents acteurs que ce soit les architectes, les BET, les entreprises et les artisans de la construction. Notre intervention a permis d’accélérer cette transition chez nos clients.
Quels sont les plus gros freins à la digitalisation du secteur que vous constatez de votre côté et comment y parez-vous ?
Sur ce point, nous constatons que beaucoup d’agences sont réfractaires à changer leurs habitudes de travail et ne retrouvent pas la liberté de dessin avec les premiers outils BIM déployés. Lors de nos échanges, ils évoquent les problématiques autour de tâches répétitives non automatisées qui les obligent à créer des plug-ins, et autres outils qui sont d’ailleurs très souvent éligibles au CIR. Il est vrai qu’il existe des solutions mais accessibles après une recherche approfondie et donc chronophage pour un architecte se consacrant pleinement à son activité. L’un des gros freins constatés lorsqu’ils travaillent en collaboration avec d’autres acteurs est que ces derniers ont un niveau de connaissance et d’utilisation du BIM très variable, ce qui peut complexifier les échanges.
Nous ne pouvons que leur conseiller de se former davantage aux outils et dédier une personne en interne à l’amélioration des outils et des pratiques. Autre point positif, nous rencontrons de plus en plus d’agences qui organisent des réunions hebdomadaires de partage de bonnes pratiques afin d’améliorer leur process en interne.
Vous n’êtes pas connus car ce type d’aides ne le sont pas alors qu’elles existent. Comment l’expliquez-vous et est-ce une faiblesse du dispositif ?
Bien que les projets des grands groupes fassent l’objet d’une valorisation au titre du CIR depuis longtemps, le dispositif reste encore méconnu des agences d’architecture de plus petite taille, malgré une production R&D tout aussi présente. Notre travail consiste donc à expliquer les mécanismes du CIR, mais aussi, et surtout à partager des exemples pour permettre aux agences de se projeter, au regard des travaux qu’elles entreprennent.
Sentez-vous un frémissement du marché français ou est-ce calme ?
Pour la plupart des secteurs, ce marché est mature. En revanche, pour le secteur de l’AEC ces sujets sont peu connus ou mal appréhendés. Mon rôle aujourd’hui est d’essayer de diffuser et transmettre l’information afin que les plus petits acteurs de ce secteur en bénéficient pleinement et de manière sécurisée. Cela permettra également de soutenir financièrement le temps passé au développement réalisé pour améliorer l’écosystème BIM.
Comment envisagez-vous de vous faire connaître pour adresser le marché de manière plus forte ?
Tout d’abord, j’encourage toutes les sociétés à déployer et à sécuriser les financements publics pour ses projets R&D ! Il y a peu d’aides à la R&D au monde aussi généreuses que le CIR français. Avec les aides et subventions qui financent une partie du projet en amont, le coût de la R&D restant à la charge de l’entreprise est fortement réduit. Nous contactons toutes les agences françaises qui nous semblent travailler sur des sujets à fortes valeurs ajoutées. Nous communiquons régulièrement dans des revues spécialisées et par différents canaux. Notre échange avec vous Emmanuel, et la diffusion de cet article, permettra sûrement à de nombreux acteurs de connaitre l’existence de tels dispositifs qui peuvent correspondre à leur métier et d’identifier un prestataire comme OL&DI Consulting, spécialisé sur leur secteur, sur lequel nous avons une forte expertise.
Travaillez-vous avec les autorités en charge de la digitalisation du secteur comme ADN Construction ou le Ministère du Logement ou des Finances ?
Nous sommes confrontés quotidiennement à l’administration fiscale et au MESR. Nous profitons de ces échanges pour expliquer, et faire valider les dossiers du secteur AEC. Nous avons rédigé un Guide, disponible sur simple demande, sur notre site web, pour permettre aux agences et bureaux d’études d’y voir plus clair.
Vous pouvez faire une demande pour recevoir notre « Guide du Crédit Impôt Recherche pour les projets d’architecture » en cliquant ici.
Nous avons également échangé avec le Ministère de la culture avec qui nous avons conjointement présenté certains dispositifs à l’UNSFA, notamment l’embauche de jeunes docteurs.
Comment peut-on vous contacter ?
Les agences d’architecture, bureaux d’études ou toute autre société qui souhaiteraient vérifier leur éligibilité au dispositif du CIR ou des aides R&D peuvent me contacter directement par mail ou par téléphone aux coordonnées indiquées au début de cet article. Je me ferai un plaisir de les informer et les conseiller sur ces sujets.
Connaissiez-vous ABCD Blog avant et ce site vous parait-il utile ?
Dès que l’on cherche des informations sur l’écosystème BIM, nous arrivons rapidement jusqu’à votre blog. Il me semble très utile pour la diffusion d’informations très pertinentes sur le sujet et la mise en valeur de nombreux acteurs du secteur AEC, qui participent à l’évolution de la transition numérique.
Guillaume, un grand merci et bonne chance dans la digitalisation du secteur de l’AEC en France. Les Professionnels du secteur ont besoin de ce type d’initiative, bravo !