Tout comme dans les autres secteurs, le numérique bouleverse le marché de la construction et génère une demande forte de profils qui allient expérience pratique et expertise technique. Des centaines d’emploi sont à pourvoir dès à présent.
« On a recensé entre 350 et 400 postes à pourvoir pour des profils BIM et l’année n’est pas terminée », explique Gervaise Cattoni, directrice de la communication de GIF (Groupement de l’Intérim Français), « et sur les 25 000 dessinateurs projeteurs du secteur, on table sur 8 à 10 000 qui vont devoir se former rapidement, les autres d’ici à moins de cinq ans ».
Le GIF recherche actuellement pour ses quelque 800 clients – dont 70% sont des TPE/PME – « beaucoup de dessinateurs projeteurs en 2D que l’on envoie se former à la 3D pour monter en compétence ou des profils similaires ayant déjà une expérience de la 3D ».
Cabinet de recrutement spécialiste des métiers de la construction, Khwam conseil note également, par la voix de son fondateur, Jean-Michel Soreau, « une hausse des demandes de compétences en BIM management. Plusieurs entreprises nous sollicitent pour des profils précis de BIM Managers mais dans la plupart des cas, il s’agit plutôt de profils ingénieurs spécialistes – CVC, électricité, structures – ayant une compétence dans le BIM ». Il pointe également le décalage entre la demande actuelle et les personnes formées : « Actuellement, il est difficile de trouver des BIM Managers qui cherchent un emploi. Ces profils, pour lesquels l’entreprise a fortement investi en temps de formation, se retrouvent liés à celle-ci. »
De plus en plus d’opportunités
En 2015, Khwam Conseil a reçu plusieurs demandes de BIM manager par des bureaux d’études, situés notamment à Nantes et Lyon, « et l’on sent parfaitement bien que ce type de demandes va exploser ». Le cabinet dispose dans sa base de données clients d’une quarantaine de bureaux d’étude en recherche de BIM managers dont 19 rien que sur l’Ile-de-France. « Mais au-delà de ce profil métier, il convient de souligner le fait que les compétences en maquette numérique sont également le fait des dessinateurs projeteurs ». Si le BIM manager est considéré comme un chef d’orchestre, il lui faut surtout des musiciens pour jouer la partition et ce sont ces profils de dessinateurs connaissant la maquette numérique qui sont fortement recherchés. « Notre base compte une centaine de profils référencés en BIM », complète Jean-Michel Soreau. Quels sont-ils ? « Des architectes, ingénieurs spécialistes, économistes de la construction ainsi que des personnes faisant de la synthèse technique sans oublier tous les dessinateurs qui gravitent autour de ces métiers ».
Et lorsqu’on l’interroge sur la rémunération de ces profils, le directeur associé de Khwam est clair : « Il n’existe pas d’indice de rémunération. Tout ce que l’on peut dire, c’est que les futurs diplômés d’une part, et les professionnels qui se seront formés au BIM d’autre part, vont se vendre très cher. Les entreprises vont mettre la barre haute pour attirer ces profils ! »
Un autre indicateur positif est celui avancé par Gervaise Cattoni : « 98% de nos intérimaires ont trouvé un CDI dans les mois qui suivent, preuve que la demande est forte mais également pérenne ».
De nouveaux métiers
Cédric Duquenne, Regional Manager BTP & Architecture chez Hays France, précisait en février dans le magazine Bâti Actu Emploi, ce que peut être un BIM Manager : « C’est souvent un jeune ingénieur ou architecte expérimenté qui a des affinités avec l’outil informatique. (…) Et dans un futur proche, la totalité des agences d’architecture n’aura d’autre choix que de disposer de compétences en BIM : BIM manager et/ou architecte BIM coordinateur ». Autre profil recherché, celui de coordinateur BIM dont la tâche est de gérer et coordonner les différents modèles BIM d’un projet.
Enfin, il apparaît que ces flux de données vont de facto entraîner la demande en profils de gestionnaire d’information. Selon le site Objectif BIM (objectif-bim.com), « c’est un rôle dont on entend peu parler pour le moment mais qui va prendre de l'ampleur très vite. En effet la multiplication et la complexité des échanges de données en BIM requièrent des gens dédiés à la gestion de ces échanges », conclut le responsable de Hays France.
En octobre 2015, le site de l’APEC recensait pas moins de 47 offres ayant trait au BIM et pas uniquement – loin de là – sur des postes de BIM Managers. La diversité des postes (et des entreprises) souligne la pénétration constante et croissante de demandes de compétences en maquette numérique : coordinateur BIM, technicien en génie civil, responsable méthodes bâtiment, technicien d’étude CVC, assistant de gestion polyvalent, etc. Même la Caisse des Dépôts et Consignation publie régulièrement des offres d’emploi autour du BIM, par exemple dans le domaine de la gestion du programme de numérisation du patrimoine.
L’autre fait marquant de ces annonces est qu’elles ne se situent pas uniquement dans le bassin parisien mais essaiment dans toute la France, à la fois pour des grands groupes comme Eiffage et pour des cabinets de moindre ampleur ou encore pour des structures « jeunes » à l’instar de CT3E, bureau d’études installé à Troyes. Ce dernier a mis en place une plate-forme collaborative BIM (BIM.immo) pour concevoir des maquettes numériques et assurer le management du processus de conception collaboratif.