BIM : se former n’est pas une option !

image

Le vice-président de Mediaconstruct Roland Billon, enseignant lui-même, est parfaitement clair sur le sujet : se former au BIM et à la maquette numérique n’est pas une option et cela concerne l’intégralité de la chaîne de valeur, de la conception à la fabrication. «Pour s’approprier les TIC et les TICE(1), il est incontournable de rapprocher l’enseignement de l’architecture, de l’ingénierie et de l’économie de la construction ainsi que de pratiquer une nouvelle pédagogie de formation au projet, devenu collaboratif et interopérable, autour de nouveaux outils comme le BIM. »

Formation initiale : des initiatives locales, une stratégie nationale

Les lycées professionnels sont particulièrement à la pointe sur l’intégration du BIM dans la formation initiale. Pascal Parent, professeur au lycée professionnel au sein de la filière bac pro TEBEE du lycée Aristide-Bergès, non loin de Toulouse souligne : « Il faut bien considérer aujourd’hui que tous les bac pro du BTP sont concernés par le BIM, ce qui représente plus de 800 formations et environ 20 000 élèves par promotion. »

Cédric Dziubanowski, IA-IPR STI (Sciences et Techniques Industrielles) Académie de Nantes, complète : « Il paraît évident que l’intégration du BIM dans l’ensemble de la filière STI va prendre du temps, mais la principale difficulté réside dans la modification de la pédagogie pour exploiter le potentiel de ces outils même si, déjà, de nombreux établissements ont anticipé cette transition vers la maquette numérique. »

Il semble indéniable que les élèves qui sont initiés au BIM adhèrent très rapidement. Pour Cédric Dziubanowski, « Lorsqu’on enseigne avec le BIM, on constate que les élèves sont souvent rapidement en confiance, notamment dans la manipulation de l’environnement et des commandes. En outre, on constate régulièrement une appropriation des outils, au-delà même des cours : de nombreux élèves poursuivent leurs expérimentations en dehors du cadre scolaire. L’objectif que nous souhaitons atteindre de façon répandue est d’enseigner avec le BIM et non pas enseigner le BIM ; on passe l’étape de la formation aux outils pour se recentrer sur les objectifs et les besoins du pédagogue, soit en quoi cet outil est-il à même de faire comprendre mieux et plus vite ce que l’on enseigne aux élèves.

 

BIM : la formation fait sa mue

De fait, la filière fait doucement mais certainement sa mue : « Concrètement, cela passe par l’introduction du BIM dans les diplômes du BTP concernés dont le référentiel de formation est renouvelé », explique l’Inspecteur d’Académie. « De fait, une grande partie des programmes des baccalauréats Professionnels et BTS datant d’une dizaine d’année sont actuellement en cours de rénovation et intègreront une part d’approche BIM si les entreprises ne s’y opposent pas. Outre la rénovation des référentiels, nous travaillons à intégrer le BIM lors de la phase d’évaluation finale. »

Un peu plus en avant dans les cursus, de nombreuses écoles supérieures ont franchi le cap du BIM. Ainsi, l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris Val de Seine a repensé sa pédagogie. « Nous faisons un enseignement intensif des outils et des concepts de maquette numérique dès la seconde année, étant conscients et certains que ce sont les outils qu’un étudiant architecte se doit de maîtriser aujourd’hui », explique-t-on à l’ENSA. 

A l’ENSA de Toulouse, depuis 2006-2007, le BIM fait l'objet d'une Unité d'enseignement optionnelle de 3e année intitulée « Maquettes numériques et nouvelles pratiques de collaboration ».

Formation continue : la nécessaire adaptation

Ana Guevara, Ingénieur « Bâtiment, Energie, Environnement » est chef de projet BIM & Efficacité Energétique au sein du cluster Eskal Eureka, qui regroupe 70 adhérents de la filière BTP, à Bidart. Elle est particulièrement consciente des enjeux de se former… tout autant que les réticences auxquelles elle est confrontée. « La première fois que Eskal Eureka a parlé de BIM à ses adhérents lors d’un petit déjeuner de sensibilisation, nous avons été perçus comme des aliens », raconte non sans humour la directrice du cluster.

Ana Guevara s’est d’abord auto formée au BIM avant de suivre un cursus au sein de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecte de Toulouse. Aujourd’hui, c’est elle l’enseignante, qu’il s’agisse de formations dispensées au sein du cluster mais aussi au 308 à Bordeaux (Centre de formation des Architectes d'Aquitaine) et dans le cadre de l’Union Nationale des Economistes de la Construction (UNTEC). « Il s’agit principalement de cabinets d’architectes, de bureaux d’études que nous formons en nous appuyant sur des chantiers tests, des retours d’expérience pour que la pédagogie soit en phase avec le terrain. »

Résultats de recherche d'images pour « untec »

Avec Eskal Eureka, elle essaye également d’accompagner les démarches BIM dans les établissements de formation initiale : « Il s’agit d’organiser des concours d’étudiants, comme les 24h de l’innovation, ou des stages partagés qui permettent de rassembler étudiants d’écoles d’ingénieurs, d’architecture autour d’un projet qu’ils vont mener au sein des entreprises adhérentes du cluster ».

Les MOOC : la voie de l’autoformation

ESITC

© EDUBIM 2015

Face à l’impact et de l’investissement que peut représenter un plan de formation pour les petites structures, la solution de la formation en ligne ou MOOC s’impose peu à peu. Fruit d’une réflexion initiée par le Plan Bâtiment Durable et par l’ADEME et menée de manière collaborative, le portail spécifique MOOC Bâtiment Durable sera mis en place d’ici à la fin de l’année 2015, disponible sur le site France Université Numérique (FUN). La publication des premiers MOOCs est prévue à la fin du 1er trimestre 2016.

Actuellement, sur le site de FUN, on recense un peu plus d’une quinzaine de ressources ayant trait au BIM mais ces contenus sont amenés à augmenter. En effet, l’un des chantiers du PTNB est de faire remonter et mutualiser les corpus d’enseignement sur le sujet. L’autoformation n’est pas la voie royale mais permet sans conteste une appropriation à son rythme de la maquette numérique.

(1) : Enseignement interactif à distance

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

BIM : se former n’est pas une option !

image

Le vice-président de Mediaconstruct Roland Billon, enseignant lui-même, est parfaitement clair sur le sujet : se former au BIM et à la maquette numérique n’est pas une option et cela concerne l’intégralité de la chaîne de valeur, de la conception à la fabrication. «Pour s’approprier les TIC et les TICE(1), il est incontournable de rapprocher l’enseignement de l’architecture, de l’ingénierie et de l’économie de la construction ainsi que de pratiquer une nouvelle pédagogie de formation au projet, devenu collaboratif et interopérable, autour de nouveaux outils comme le BIM. »

Formation initiale : des initiatives locales, une stratégie nationale

Les lycées professionnels sont particulièrement à la pointe sur l’intégration du BIM dans la formation initiale. Pascal Parent, professeur au lycée professionnel au sein de la filière bac pro TEBEE du lycée Aristide-Bergès, non loin de Toulouse souligne : « Il faut bien considérer aujourd’hui que tous les bac pro du BTP sont concernés par le BIM, ce qui représente plus de 800 formations et environ 20 000 élèves par promotion. »

Cédric Dziubanowski, IA-IPR STI (Sciences et Techniques Industrielles) Académie de Nantes, complète : « Il paraît évident que l’intégration du BIM dans l’ensemble de la filière STI va prendre du temps, mais la principale difficulté réside dans la modification de la pédagogie pour exploiter le potentiel de ces outils même si, déjà, de nombreux établissements ont anticipé cette transition vers la maquette numérique. »

Il semble indéniable que les élèves qui sont initiés au BIM adhèrent très rapidement. Pour Cédric Dziubanowski, « Lorsqu’on enseigne avec le BIM, on constate que les élèves sont souvent rapidement en confiance, notamment dans la manipulation de l’environnement et des commandes. En outre, on constate régulièrement une appropriation des outils, au-delà même des cours : de nombreux élèves poursuivent leurs expérimentations en dehors du cadre scolaire. L’objectif que nous souhaitons atteindre de façon répandue est d’enseigner avec le BIM et non pas enseigner le BIM ; on passe l’étape de la formation aux outils pour se recentrer sur les objectifs et les besoins du pédagogue, soit en quoi cet outil est-il à même de faire comprendre mieux et plus vite ce que l’on enseigne aux élèves.

 

BIM : la formation fait sa mue

De fait, la filière fait doucement mais certainement sa mue : « Concrètement, cela passe par l’introduction du BIM dans les diplômes du BTP concernés dont le référentiel de formation est renouvelé », explique l’Inspecteur d’Académie. « De fait, une grande partie des programmes des baccalauréats Professionnels et BTS datant d’une dizaine d’année sont actuellement en cours de rénovation et intègreront une part d’approche BIM si les entreprises ne s’y opposent pas. Outre la rénovation des référentiels, nous travaillons à intégrer le BIM lors de la phase d’évaluation finale. »

Un peu plus en avant dans les cursus, de nombreuses écoles supérieures ont franchi le cap du BIM. Ainsi, l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris Val de Seine a repensé sa pédagogie. « Nous faisons un enseignement intensif des outils et des concepts de maquette numérique dès la seconde année, étant conscients et certains que ce sont les outils qu’un étudiant architecte se doit de maîtriser aujourd’hui », explique-t-on à l’ENSA. 

A l’ENSA de Toulouse, depuis 2006-2007, le BIM fait l'objet d'une Unité d'enseignement optionnelle de 3e année intitulée « Maquettes numériques et nouvelles pratiques de collaboration ».

Formation continue : la nécessaire adaptation

Ana Guevara, Ingénieur « Bâtiment, Energie, Environnement » est chef de projet BIM & Efficacité Energétique au sein du cluster Eskal Eureka, qui regroupe 70 adhérents de la filière BTP, à Bidart. Elle est particulièrement consciente des enjeux de se former… tout autant que les réticences auxquelles elle est confrontée. « La première fois que Eskal Eureka a parlé de BIM à ses adhérents lors d’un petit déjeuner de sensibilisation, nous avons été perçus comme des aliens », raconte non sans humour la directrice du cluster.

Ana Guevara s’est d’abord auto formée au BIM avant de suivre un cursus au sein de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecte de Toulouse. Aujourd’hui, c’est elle l’enseignante, qu’il s’agisse de formations dispensées au sein du cluster mais aussi au 308 à Bordeaux (Centre de formation des Architectes d'Aquitaine) et dans le cadre de l’Union Nationale des Economistes de la Construction (UNTEC). « Il s’agit principalement de cabinets d’architectes, de bureaux d’études que nous formons en nous appuyant sur des chantiers tests, des retours d’expérience pour que la pédagogie soit en phase avec le terrain. »

Résultats de recherche d'images pour « untec »

Avec Eskal Eureka, elle essaye également d’accompagner les démarches BIM dans les établissements de formation initiale : « Il s’agit d’organiser des concours d’étudiants, comme les 24h de l’innovation, ou des stages partagés qui permettent de rassembler étudiants d’écoles d’ingénieurs, d’architecture autour d’un projet qu’ils vont mener au sein des entreprises adhérentes du cluster ».

Les MOOC : la voie de l’autoformation

ESITC

© EDUBIM 2015

Face à l’impact et de l’investissement que peut représenter un plan de formation pour les petites structures, la solution de la formation en ligne ou MOOC s’impose peu à peu. Fruit d’une réflexion initiée par le Plan Bâtiment Durable et par l’ADEME et menée de manière collaborative, le portail spécifique MOOC Bâtiment Durable sera mis en place d’ici à la fin de l’année 2015, disponible sur le site France Université Numérique (FUN). La publication des premiers MOOCs est prévue à la fin du 1er trimestre 2016.

Actuellement, sur le site de FUN, on recense un peu plus d’une quinzaine de ressources ayant trait au BIM mais ces contenus sont amenés à augmenter. En effet, l’un des chantiers du PTNB est de faire remonter et mutualiser les corpus d’enseignement sur le sujet. L’autoformation n’est pas la voie royale mais permet sans conteste une appropriation à son rythme de la maquette numérique.

(1) : Enseignement interactif à distance

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En savoir plus sur ABCD Blog

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture