L’utilisation du BIM à des fins d’exploitation et de maintenance est devenu un enjeu crucial de nos jours. C’est une préoccupation majeure pour les maitres d’ouvrage, notamment, qui ont compris l’intérêt que cela pouvait représenter pour économiser des sommes fabuleuses. Certaines sociétés ont conquis ce créneau et possèdent une expertise extrême qui permet en alliant BIM et réalité mixte et virtuelle de gérer et d’optimiser de manière totalement digitale son patrimoine.
C’est le cas de la Société IARA que nous recevons cette année, jeune startup qui développe la solution HORUS, centrée autour de la réalité augmentée qui permet de garantir la conformité et l’accessibilité des données contenues dans les maquettes numériques. Découvrons-les avec Maxime Veyrines, leur Président.
Maxime Veyrines, Président
IARA
Web : https://www.horus-bim.com/
Bonjour Maxime, heureux de vous avoir sur ABCD Blog.
Pourriez-vous tout d’abord vous présenter, votre parcours avec les raisons qui vous ont amené à devenir un Expert et Passionné du BIM et des nouvelles technologies ?
Bonjour Emmanuel et merci pour votre invitation sur ABCD Blog.
J’ai découvert le BIM à la fin de mon cursus d’ingénieur à l’ESTP à travers l’option BIM. Cette option était assurée par des professionnels du BIM qui sont aujourd’hui des acteurs majeurs dans leurs entreprises. Nous avons également eu une formation très orientée sur la collaboration, l’interopérabilité et une vision d’ensemble des solutions logiciels disponibles.
Cette base a été complétée par mon expérience professionnelle au sein du bureau d’étude spécialiste du BIM, SXD qui m’a permis à travers différents types de projets d’approfondir mes connaissances et m’a amené vers la gestion de projet innovant et surtout celui de la réalité augmentée.
D’ailleurs, on ne parle plus de SXD mais de IARA n’est-ce pas dont vous êtes Président ? Pouvez-vous tout nous dire ?
Le développement de cette solution a débuté au sein du pôle R&D chez SXD mais souhaitant accélérer son éclosion et pour permettre à l’ensemble du marché de profiter de cette innovation, l’équipe de développement et la technologie ont été transférées sous IARA.
La société IARA est totalement indépendante et a pour activité le développement informatique et en particulier le développement d’applications multi-supports à destination du secteur du BTP et de l’industrie.
Quelles sont vos spécificités d’un point de vue technologique et votre élément différenciateur ?
Aujourd’hui, à travers la solution HORUS, ce que nous voulons apporter au secteur du BTP, ce n’est pas seulement une application de réalité augmentée mais bien une solution complète.
Une solution qui permet de contextualiser et localiser les données des maquettes numériques mais également de pouvoir interagir avec ces mêmes données que ce soit pour effectuer des contrôles ou tout simplement obtenir des informations sur site.
Nous ne nous intégrons pas au sein même des processus mais bien en tant qu’outil d’aide à la gestion et à la prise de décision sur la base des modèles numériques.
Vérification du positionnement des réseaux et des terminaux
Qui fait appel à vous en général ? La maitrise d’ouvrage, les maitres d’œuvre ?
Oui, les maitrises d’ouvrage et maitrises d’œuvre font partie de nos clients mais on va avoir également des bureaux de contrôles et des entreprises CET. Il s’agit finalement des acteurs qui prennent conscience que la qualité des documents remis (DOE, DOE Numériques) en fin de projet n’est pas suffisante.
Quels services proposez-vous justement et quel est le déroulé type d’une mission ?
Nous proposons une solution composée de trois supports : une application de réalité augmentée sur mobile, une application PC avec le même fonctionnement et la même interface que la version mobile et enfin une plateforme permettant de connecter l’ensemble des informations.
Nous pouvons proposer notre solution sur l’ensemble des phases d’un projet, de la conception à l’exploitation/maintenance. Plus la solution est utilisée en amont de la livraison d’un projet, plus la traçabilité des informations est aisée.
Comment la réalité augmentée et virtuelle s’intègrent-elles avec vos solutions ?
La réalité augmentée est un outil complémentaire présent dans l’application mobile. Pour la réalité virtuelle nous connectons notre solution à des casques du type HTC Vive.
Visualisation maquette architecturale en réalité augmentée
Parlez-nous de votre solution HORUS. En quoi consiste-t-elle ?
Notre solution est décomposée selon trois supports interconnectés entre eux. Une application mobile autorisant l’usage de la réalité augmentée, une plateforme WEB permettant le stockage de fichiers et les échanges et un exécutable PC permettant d’interagir plus aisément sur les modèles.
L’interface se veut sobre et identique sur les différents supports pour limiter le temps d’apprentissage.
Schéma de principe de la solution HORUS
Quel rôle joue-t-elle et comment est utilisée la réalité augmentée ?
La réalité augmentée joue un rôle majeur dans notre solution mais surtout dans notre vision. En effet, c’est une technologie qui permet de confronter facilement et rapidement la maquette numérique à la réalité. L’objectif est de garantir la conformité des données géométriques comme paramétriques des avatars numériques des ouvrages pour arriver au « tel que construit ».
Vérification sur chantier de la pose des réseaux
Quels sont les ratios d’économies lorsqu’on déploie l’une de vos solutions ?
Les ratios d’économies n’ont pas tous été quantifiés sur chaque phase. Cependant d’après les premiers retours clients, nous ambitionnons en phase exploitation/maintenance un gain de 20% sur le temps et les coûts d’interventions sur site.
Au vu des méthodes de travail actuelles et de la complexité pour avoir accès aux informations, que ce soit en exécution, comme en exploitation/maintenance, avoir une solution simple d’usage est un avantage considérable.
En effet, notre but est de fournir à nos clients dans une seule et même solution l’accès à la visualisation de la maquette, la mobilité sur site et la liaison avec le DOE Numérique voire avec les équipements connectés.
Quels rôles jouent les solutions Autodesk et comment les intégrez-vous à votre flux de production ?
Les solutions Autodesk sont indispensables dans le secteur du BIM et il était important pour nous de les intégrer dans notre flux de production. Pour cela nous avons intégré dans Revit des plug-ins pour faciliter le découpage de modèles, les exports openBIM au standard IFC et le transfert vers notre solution.
En général, reconstituez-vous vous-même les maquettes BIM ou vous arrive-t-il parfois d’en recevoir de vos Clients ? Si oui, à quel format ?
Nous n’intervenons pas sur les maquettes BIM de nos clients. Notre solution vient aider le client à mieux gérer ses modèles et plus généralement ses données.
Cela lui offre la possibilité de consulter et d’interagir avec, directement sur site avec les avatars numériques.
Le format d’entrée pour les modèles numériques est le format IFC (IFC 2×3 et IFC 4).
L’utilisation du standard openBIM IFC est un choix de votre part. Pouvez-vous nous en expliquer les raisons ?
Oui, nous avons fait le choix de l’openBIM afin de pouvoir répondre aux besoins de l’ensemble des acteurs de l’acte de construire. Un certain nombre d’entreprises ne possèdent pas de logiciel adapté pour la consultation de fichiers natifs, l’IFC est une solution pour la consultation des données.
Pour les échanges d’informations nous avons également fait le choix d’utiliser le BCF (BIM Collaboration Format), trop peu utilisé sur les projets et pourtant très pertinent pour tracer les échanges sur l’ensemble des logiciels BIM.
Cet IFC est souvent issu des maquettes Revit, n’est-ce pas ? Est-ce un avantage d’avoir un outil puissant comme Revit capable d’échanger en openBIM ?
Oui tout à fait, c’est important qu’un outil tel que Revit puisse garantir les échanges en openBIM. Revit est l’outil le plus répandu pour la technologie BIM et il est essentiel que des échanges de données puissent avoir lieu entre les différentes solutions.
Que pensez-vous du niveau d’adoption du BIM en France ? Pensez-vous que les pouvoirs publics apportent suffisamment pour accélérer la digitalisation du secteur ?
Le niveau d’adoption du BIM en France reste, à mon avis, en retard par rapport à d’autres pays Européens tels que l’Angleterre, la Norvège, la Finlande pour lesquels le BIM est obligatoire depuis 2016.
Des initiatives de la part des pouvoirs publics comme le PTNB sont une première réponse à l’accélération de la digitalisation du secteur mais aujourd’hui ce n’est pas suffisant. Ce sentiment est une nouvelle fois confirmé avec le retrait du carnet numérique du logement, du projet de loi ELAN.
Le retard que connait le secteur de la construction est trop important pour qu’une simple initiative entame la résolution de cette problématique.
Quelle est votre stratégie de développement pour les futures années et vos ambitions ?
Notre stratégie pour les années futures est de répondre à cet objectif que nous nous sommes fixés : aider le secteur de la construction à prendre le virage de la digitalisation, en intégrant l’ensemble des acteurs, du chef de chantier au gestionnaire de patrimoine.
Personne ne doit être exclu de cette évolution et les personnes présentent sur les chantiers doivent être les premiers bénéficiaires de cette évolution.
Connaissez-vous ABCD Blog et comment voudriez-vous le voir évoluer ?
ABCD Blog est l’un des sites qui m’a permis d’acquérir une vision d’ensemble du BIM et qui finalement m’a amené aussi vers ce secteur.
Pour moi, ABCD Blog doit conserver sa dynamique de diffusion et la diversité de son contenu (sujet technique, présentation de projet, interview d’acteur,…). Il s’agit d’un des sites incontournables à consulter pour rester informé sur le BIM.
Maxime, un grand merci pour votre temps et pour cette belle présentation de votre société. Nous vous souhaitons un grand succès !