Scoping
Cette semaine, nous avons le plaisir, ce qui n’est pas habituel pour nos interviews, de parler d’un grand BET – Scoping – et de l’une de ses BIM Managers de talents, Liliane Bompolou. Architecte de formation, Liliane a un parcours passionnant et passionné pour la 3D et le BIM. Cette jeune BIM Manager nous démontre que la passion autour du BIM est une véritable évidence. Nous découvrirons aussi le spectre d’activités de Scoping que nous ne connaissions pas encore.
Bonjour Liliane et bienvenue sur ABCD Blog, c’est un vrai plaisir de t’accueillir pour partager ton expérience avec nos lectrices et lecteurs. Pourrais-tu stp te présenter en quelques mots ?
Bonjour Emmanuel, tout d’abord je tiens à te remercier pour cette invitation et cette opportunité de partager mon expérience sur ABCD Blog !
Je m’appelle Liliane – Evangelia Bompolou, je suis BIM Manager & Architecte DE et depuis maintenant 2 ans, je fais partie du Pôle BIM de Scoping en qualité de BIM Manager.
Native de la belle Grèce, berceau de la Culture Européenne, ta vie est un beau parcours, mais avant de parler BIM, l’architecture a toujours été présente dans ta vie et tes racines, pourrais-tu nous expliquer pourquoi ?
Effectivement, le métier d’Architecte est présent dans ma famille et cela m’a permis d’être sensibilisée dès le plus jeune âge à la conception architecturale, au dessin et à l’enseignement. Avant même de commencer mes études en Architecture, j’ai toujours été fascinée par les maquettes de projets. Surtout les maquettes de détail, car elles nous donnent la possibilité de montrer un maximum d’informations que nous pouvons trouver dans une maquette BIM de LOD 300-400 de nos jours.
Une maquette physique de détail montre la technicité derrière la beauté d’un projet, les textures, les couleurs et potentiellement les usages. Elle peut même arriver à montrer les marques de certains objets, qui sont des données que nous appelons aujourd’hui « alphanumériques ». Cela ne remplace pas le BIM bien sûr, mais cela m’a donné envie de me lancer dans ce parcours, qui a abouti à mon statut actuel de BIM Manager et Architecte DE.
Comment es-tu arrivée en France et pourquoi ? Qu’est-ce que cela t’a apporté et qu’as-tu découvert de différent par rapport à la Grèce ?
J’ai toujours aimé voyager, découvrir l’architecture dans les autres pays et apprendre de nouvelles langues. J’ai également effectué toute ma scolarité au sein d’une école Franco-Hellénique en Grèce, qui m’a permis de découvrir la langue et la culture française et m’a donné l’envie de poursuivre mes études universitaires par la suite ici à Paris afin de découvrir et vivre la culture française de près.
Je ne pourrais pas comparer, car j’ai effectué toutes mes études universitaires en France. En revanche, je dirais que venant de Grèce et à la suite de mes études au sein de deux pays différents, la France et le Royaume-Uni, cela m’a donné la possibilité d’avoir un regard transversal. Ce regard porte sur les différentes manières d’enseigner l’architecture et le BIM, concevoir des ouvrages et sur les différents enjeux (climatiques, environnementaux etc.).
Où as-tu fait tes études d’architecture et pourquoi ? Et as-tu commencé à là-aussi être sensibilisée au BIM et à la 3D ?
Je voulais faire mes études d’architecture à Paris, car c’est une ville très intéressante en termes d’Architecture et d’urbanisme et dans laquelle je voulais également vivre. Par ailleurs, parmi les Ecoles qui se trouvent à Paris, c’est à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-la-Villette que j’ai effectué mes études.
Pendant ma Licence en Architecture, le BIM était une notion vague pour moi. J’en avais entendu parler, mais sans rentrer dans le détail. Au début, on était incités par nos professeurs à donner la priorité au dessin à la main, dans le but d’acquérir une aisance pendant les premières étapes de la conception de nos projets. Puis, pendant mon Master à l’ENSAPLV, le BIM et surtout le dessin en 3D a commencé à être plus récurrent et c’est à ce moment que j’ai commencé à apprendre des logiciels tels qu’Autodesk Revit et autres.
Tu as eu la chance aussi de faire un séjour au Royaume-Uni. Pourrais-tu nous en parler et nous dire comment cela a influencé ta passion pour le BIM et qui en a été à l’origine ?
Effectivement, j’ai eu l’opportunité de faire une année d’ERASMUS et j’ai choisi le Royaume-Uni et plus précisément, la ville de Birmingham, car j’ai toujours été passionnée par le travail de certains Architectes britanniques tels que Norman Foster, Zaha Hadid, Richard Rogers, David Chipperfield ou encore Glenn Howells, etc.
Pendant cette année, j’ai été sensibilisée et initiée au BIM, car Birmingham City University (BCU) est une école pleinement impliquée sur ce sujet. Par ailleurs, c’est au sein de BCU qu’un évènement international a lieu chaque année : « BIM in Birmingham ». A l’occasion de cet évènement, des intervenants du monde entier s’expriment sur les dernières nouveautés dans le domaine du BIM.
C’est pendant cet évènement, que Maria Avrami, une Architecte travaillant au sein de l’agence Zaha Hadid Architects est intervenue. Son discours portait sur « Comment ils ont réussi à reproduire les fameuses formes fluides et abstraites pour lesquelles Zaha Hadid était connue, à travers des familles paramétriques Revit », ainsi que leur process de renseignement de la métadonnée dans leurs projets.
C’est à la suite de son intervention, que j’ai pu découvrir les réels avantages du BIM et surtout apprendre que les logiciels de modélisation, tels que Revit, ne nous contraignent pas vraiment en termes d’imagination. En revanche, ils nous aident à réaliser des projets plus complexes de manière plus intuitive. J’ai décidé alors de me plonger dans le BIM et me de me former au logiciel Revit.
Cela t’a-t-il incité à suivre des formations qui ont été clés dans ta carrière qui a suivi ? Quelles formations ou études complémentaires as-tu fait en rapport avec le BIM ?
En choisissant le Royaume-Uni sans forcément le savoir au début, j’ai choisi un des pays phares dans le domaine du BIM. Je dirais que cette année a été révélatrice pour la suite de ma carrière professionnelle. Pendant cette année, j’ai pu apprendre mes premières notions de Revit, ainsi que d’autres logiciels de modélisation 3D. Par ailleurs, j’ai eu la chance de vivre à Birmingham et donc de voir de près l’avancement du projet High Speed 2 (HS2) qui est un projet linéaire emblématique pour le Royaume-Uni entièrement conçu en BIM et enfin, participer au festival « BIM in Birmingham » cité précédemment.
Suite à mon retour en France et après ma soutenance du diplôme d’état d’Architecte à l’ENSA Paris-la-Villette, j’ai décidé de suivre une formation sur « L’initiation au logiciel Revit et le BIM » au sein de l’organisme Belformation. Lors de cette formation, j’ai découvert le métier de BIM Manager et j’ai décidé de me spécialiser davantage en effectuant le Mastère Spécialisé Management de projets de construction – Option BIM et Maquette Numérique au CESI, une grande Ecole d’Ingénieurs, que j’ai soutenu en février de cette année (2023).
Tu y as notamment rencontré des personnes qui t’ont formée et qui sont reconnues dans le monde du BIM ?
Je pourrais citer plusieurs personnes qui m’ont initié dans le monde du BIM, ainsi que formée au cours de ces années. Notamment, Maria Avrami car, comme cité précédemment, ses paroles ont déclenché en moi un réel intérêt concernant le BIM.
Puis Billy Falola, Rafik Zibouche, Teri Feugeas et Hugo Azocar sont les personnes grâce auxquelles j’ai découvert les métiers, logiciels et plateformes autour du BIM ainsi que les différents usages de celui-ci et elles ont contribué considérablement à mon développement actuel.
A mon arrivée au sein de Scoping, Clément Tardivon a été mon tuteur pendant mon Mastère Spécialisé BIM. Clément m’a accompagnée et formée au métier de BIM Manager en me transmettant son savoir et je le remercie pour cette année de découvertes et spécialisation à ses côtés ! D’ailleurs, nous collaborons encore au quotidien car nous faisons partie du même pôle. Le pôle BIM, qui est composé de Clément qui est le Référent BIM de Scoping, Salma Nasri qui est BIM Manager au sein de Scoping également et moi-même.
Par ailleurs, pendant le Mastère Spécialisé Management de Projets de Construction – BIM, l’intervention de Christophe Lheureux, Directeur délégué à l’Innovation et au Bâtiment Intelligent au sein de l’entreprise l’entreprise 3F, m’a particulièrement intéressée et permis d’apprendre comment le BIM est pratiqué du côté de la Maitrise d’ouvrage et le métier d’AMO BIM, ainsi que Bruno Lopes et Grégoire Pierre qui m’ont donné des informations clés pour ma carrière dans le BIM.
Suite à ton mastère BIM, sur quels postes as-tu intégré Scoping ?
Quand j’ai rejoint Scoping en 2021, j’avais le statut d’Apprentie BIM Manager – BIM Coordinatrice. Mes taches étaient diverses et variées, comme par exemple, la rédaction de Conventions BIM et leur mise à jour par phase, la participation aux réunions BIM, l’élaboration et la mise à jour des maquettes, gabarits BIM type par lot technique, la mise en place des outils d’automatisation des taches, etc.
Un autre aspect de ma mission était d’auditer les besoins de Scoping à l’époque, afin de les identifier dans le but de mettre en place un outil BIM qui favorise la collaboration entre les différents pôles. Le résultat de cet audit était le sujet de ma » Thèse Professionnelle » qui tournait autour de l’utilisation de la maquette numérique pour la génération des métrés pour les études ACV, Carbone et l’aspect économique des projets.
D’ailleurs, pourrais-tu stp nous parler de Scoping, de ses activités, de son organisation et sa localisation ?
Scoping est une société coopérative spécialisée dans l’ingénierie et la conception de bâtiments, ayant pour particularité d’être tous corps d’état. Scoping réunit donc toutes les compétences afin d’accompagner ses clients de l’esquisse du projet jusqu’à sa construction.
Parmi les 13 métiers de Scoping, nous pouvons trouver bien sûr la cellule BIM de Scoping, une équipe de chefs de projet MOE, une équipe d’économistes de la construction, des spécialistes sur des différents lots techniques (Structure, Plomberie, CVC, Electricité), un pôle VRD, un pôle thermique et environnement, ainsi que plusieurs autres métiers et spécialisations qui collaborent au quotidien.
C’est sous la forme alternative de SCOP (société coopérative et participative) qu’évolue cette société d’ingénierie et de conseil, grandissante, comptant aujourd’hui plus de 140 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 13.4M € en 2023. Tous, grâce à la vision humaine et à la qualité de vie au travail que confère cette forme d’entreprise, ont à cœur de partager et d’entreprendre en associant autonomie et esprit d’équipe.
Historiquement, notre siège est situé à Massy (91) en région parisienne, avec des antennes à Nantes et à Tours. Également implantée depuis une dizaine d’années à Villeurbanne, l’Agence AURA/BFC (Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté) maximise sa présence sur le territoire avec deux antennes, à Dijon, et à Porte-de-Savoie. Une troisième agence se situe à Aix-En-Provence pour couvrir le bassin méditerranéen. Enfin, l’agence Sud-Ouest, est située à Bordeaux, à laquelle est rattachée l’antenne de Toulouse.
En tant que BET pluridisciplinaire, quelles sont les réalisations connues de Scoping ?
Avant de parler des Top 3 projets phares de Scoping, il est important d’énumérer les domaines de notre intervention et les types de projet que nous entamons au quotidien. Scoping intervient dans une gamme étendue des domaines des projets, comme celui du Tertiaire, Résidentiel, Sport et culture, Santé, Enseignement, Environnement etc.
Un exemple de projet phare dans le domaine de la culture serait le musée du moyen-âge de Cluny, dans le 5ème arrondissement de Paris avec l’agence d’Architecture Bernard Desmoulin. Scoping est intervenue sur la réhabilitation du parcours de visite et l’aménagement d’un espace d’accueil. Le projet a été réalisé en 2019 et il a impliqué la collaboration de plusieurs lots techniques tels que, l’électricité, l’économie de projet, la sécurité incendie, la structure et le lot fluides.
Dans le domaine de l’agriculture urbaine et de l’environnement, un projet remarquable de Scoping à mettre en avant est La cité Maraîchère à Romainville construite en 2021 avec les agences d’architecture Ilimelgo et Secousses Architectes. Il s’agit de la première ferme verticale en France. Ce projet s’inscrit dans la volonté de renouvellement du quartier Marcel Cachin. Plusieurs lots techniques ont été sollicités pour sa réalisation de la part de Scoping et cela nous a apporté un savoir inestimable sur un projet innovant en France.
Puis dans le domaine de l’enseignement, un projet à retenir est l’Eco-Campus du Grand Paris à la ZAC départementale Chérioux à Vitry sur Seine avec l’agence Périphériques Architectes. C’est un projet intégrant une structure bois pour les circulations extérieures, des panneaux photovoltaïques, des éoliennes et une charpente bois. Plusieurs lots techniques sont intervenus également sur ce projet de Scoping, ainsi que la cellule BIM.
Quel est maintenant ton rôle précis chez eux ?
Dans la continuité de mon poste précédent d’Apprentie BIM Manager/BIM Coordinatrice au sein de Scoping et depuis mon passage en CDI, mon statut actuel est celui de BIM Manager.
Quelles sont tes missions au quotidien et que préfères-tu en particulier ?
Ahah ! La journée idéale pour moi est une journée sans clash !
Plus sérieusement, mes missions impliquent principalement :
- L’analyse des objectifs de la Maitrise d’ouvrage au sein des projets et la réponse par des usages BIM
- L’élaboration des documents BIM tels que la Convention BIM ou Notice BIM etc.
- La gestion des plateformes collaboratives sur les projets en BIM Management
- L’animation des réunions BIM/revues BIM avec les acteurs des différents projets
- La synthèse BIM, la détection des clashes et l’audit des maquettes
- L’amélioration de nos workflows actuels et la mise en place des nouveaux, le cas échéant
- L’élaboration des scripts dynamo et automatisation de certaines tâches liées au BIM
- La gestion et mise à jour de la maquette numérique (intégration des paramètres partagées, Property Sets, etc.)
- Mise à jour de l’outil ACV_ECO_BIM et extraction des quantitatifs depuis la maquette numérique
- La veille technologique dans le domaine du numérique et du BIM
Je dirais que les missions que je préfère tout particulièrement sont l’animation des réunions BIM, car cela permet d’avoir un contact humain et de rencontrer des confrères dans le domaine de la construction et du BIM. Également, la veille technologique pour des raisons que j’explique par la suite et le développement des scripts Dynamo, car cela me permet de m’améliorer sur le côté programmation BIM, qui est nouveau pour moi, mais très important dans le BIM.
Et qu’est-ce qui est le plus dur selon toi ?
Eh bien, c’est une très bonne question ! Je pense que tu as dû avoir le même cas de figure. Je m’explique, le BIM et la notion du Numérique peut parfois provoquer une réaction différente à chaque personne, avec des attitudes allant de l’enthousiasme à la résistance. Pour pallier cela, nous, les BIM Managers, nous devons avoir une démarche de conduite du changement, pour laquelle j’ai été formée au CESI.
Cela dit, cette démarche peut parfois être dure à accomplir, car il y aura toujours des personnes résistantes, réservées, sceptiques, etc. Mais en même temps, c’est la partie la plus fascinante de notre métier, d’échanger avec ces personnes, entendre leur point de vue et les aider à comprendre les avantages du BIM pour leur métiers respectifs.
Fais-tu beaucoup de modélisation ou plus de synthèse, de rédaction de documentation ou guides BIM ?
Mes tâches au quotidien tournent autour de la gestion de la maquette numérique, et moins de la partie modélisation, en tant que telle, étant donné mon statut.
Je dirais qu’en tant que BIM Manager, je dois veiller à ce que la maquette numérique soit cohérente aux objectifs de la Maitrise d’ouvrage et qu’elle serve les usages mis en place au sein de la convention BIM.
En revanche, il est important pour moi de garder les bonnes pratiques de modélisation, car notre métier demande un regard transversal sur le BIM et tous ses aspects. De ce fait, cela m’arrive de modéliser occasionnellement, pour mon propre plaisir d’Architecte ou pour réaliser des vues de communication sur certains de nos projets comme la vue ci-dessous qui a été réalisée en utilisant Revit pour la modélisation et Twinmotion pour le rendu 3D.
La veille technologique constitue-t-elle une partie importante de ton métier ?
Être à la page avec les dernières nouveautés dans le domaine du BIM est primordial pour un BIM Manager. La veille technologique est une tâche que je réalise régulièrement au sein de Scoping pour tester les derniers logiciels et nouveautés. En parallèle, sur mon temps personnel je me renseigne sur des sujets qui concernent le BIM en lien avec l’intelligence artificielle, l’utilisation du BIM pour la préfabrication, la réalité augmentée et la réalité virtuelle.
C’est grâce à la veille technologique, qui est effectuée au sein du pôle BIM, que nous avons réussi à automatiser certaines de nos tâches au sein de Scoping, en utilisant des plug-ins comme :
- Autodesk Dynamo coté programmation visuelle au sein de Revit
- Di-roots pour l’export de différents formats, l’intégration et la gestion des paramètres dans Revit
- CellBIM de Nomitech, pour les métrés dans des fichiers IFC, etc.
Quelles solutions Autodesk utilisez-vous au quotidien ?
Etant un bureau d’étude pluridisciplinaire signifie que nous avons besoin d’un logiciel avec une couverture complète des différents lots techniques et qui permette à tous nos métiers de collaborer. C’est pour cette raison qu’Autodesk Revit convient parfaitement pour nos missions au quotidien au sein de Scoping.
Parmi les solutions d’Autodesk, nous utilisons également Autodesk Navisworks pour la détection des clashes/collisions, la synthèse BIM et la création des animations avec l’aspect phasage des projets.
Ainsi qu’Autodesk Dynamo pour l’automatisation de nos tâches BIM, comme l’export de certains quantitatifs, le renommage de familles ou la synthèse BIM etc. Autodesk AutoCAD est l’une des solutions que nous utilisons également pour la lecture des plans au format .DWG envoyés par des acteurs externes, ou la modification des données entrantes ou sortantes de Revit.
Autodesk ReCap et Autodesk InfraWorks sont des produits d’Autodesk que nous utilisons également ponctuellement, quand nous avons des projets avec des nuages de points ou pour des projets de grande envergure.
Quel était le sujet de ta thèse au mastère BIM et comment l’appliques-tu chez vous ?
Le sujet de ma Thèse Professionnelle était « Comment optimiser le processus de production des métrés d’un projet en BIM, en respectant la RE2020, sur le plan économique et énergétique. »
Suite à mon arrivée au sein de Scoping, je me suis rendue compte que les différents pôles n’utilisaient pas la même donnée d’entrée pour effectuer leurs métrés. De ce fait, chaque pôle consacrait du temps individuellement à recueillir les informations nécessaires pour son métier. Le résultat de cette étape, était que le recueil des métrés de chaque projet était effectué plusieurs fois. L’uniformisation et le regroupement de cette action de recueil des métrés étaient primordiaux, afin d’obtenir un gain en temps, précision et budget. Parallèlement, étant donné que le métier de thermicien chez Scoping évolue vers celui de l’énergéticien, un nouveau besoin de quantitatifs précis s’y prête pour ce nouveau métier, cela afin de permettre à l’énergéticien de calculer précisément le bilan carbone des projets et faire ses études d’Analyse du cycle de vie (ACV).
Le sujet de ma thèse était de mettre en place une solution pour Scoping, qui permette de recueillir des métrés depuis la maquette BIM, à travers un gabarit Revit spécialement conçu pour cet usage. Le nom de cette solution est « Outil_ACV_ECO_BIM » et elle fonctionne en parallèle avec un plug-in et une base de données pour permettre aux experts de chaque pôle de visualiser leurs métrés facilement sur Microsoft Excel.
L’outil a été testé sur plusieurs projets depuis sa création. Les énergéticiens de Scoping estiment un gain considérable sur la précision de leurs métrés grâce celui-ci et les économistes de Scoping un gain d’au moins 50% de temps sur les études. Parallèlement, cette thèse a été pour moi une expérience très enrichissante, car j’ai pu acquérir des connaissances d’un point de vue environnemental, comme la procédure de calcul d’une ACV, l’utilisation des fiches FDES, le bilan carbone et d’un point de vue économie de projet, j’ai appris à faire un chiffrage optimal, etc.
Tu nous as parlé notamment de gabarits Revit spécifiques pour certains cas d’usages. Pourrais-tu stp nous en parler ?
Exactement, en plus de l’outil/gabarit_ACV_ECO_BIM, nous avons également une solution de détection des clashes qui nous permet de visualiser les collisions identifiées par Navisworks, directement dans la maquette numérique en temps réel sous la forme des sphères qui changent de couleur selon l’état du clash (résolu, nouveau, approuvé etc.). Ce gabarit a été développé par le pôle BIM de Scoping en utilisant Dynamo.
Un autre usage spécifique de la maquette BIM est la synthèse. Pour cela, nous avons notre gabarit synthèse, qui nous permet d’avoir une vue d’ensemble sur tous les lots d’un projet. Nous l’utilisons pour les réunions/revues BIM et pour la création des vues de communication pour nos clients.
Également, au sein du pôle BIM de Scoping, nous utilisons la maquette numérique pour l’usage de l’analyse des gaines. Cela à travers un outil développé en interne, en utilisant les familles paramétriques de Revit. Cet outil nous permet de savoir si la taille et l’emprise d’une gaine est conforme selon son usage, en utilisant un code couleur spécifique.
L’image de synthèse et le rendu temps réel semblent être des sujets importants pour vous. Pourrais-tu stp nous en dire quelques mots ?
Bien sûr, pour nos rendus 3D nous utilisons le logiciel Twinmotion qui est connecté à Revit par le biais d’un plug-in. Cela nous permet de réaliser des vues de communication à travers notre gabarit de synthèse/communication Revit. Nous utilisons également le logiciel Gimp qui est équivalent à Adobe Photoshop, pour les photomontages et les insertions 3D de nos projets.
En interne, au sein du pôle BIM nous avons la compétence pour réaliser des insertions, ainsi que des vues de communication pour nos projets et les lots qui nous concernent en utilisant la maquette BIM.
Quels métiers en interne utilisent vos maquettes BIM et comment en tirent-ils des bénéfices ?
Notre vision au sein de Scoping est de permettre à tous les Scopiens d’avoir accès à la maquette BIM de manière intuitive, dans le but de communiquer facilement et en 3 dimensions en temps réel à travers les phases de chaque projet. C’est pour cette raison que nous sommes actuellement en train de passer tous nos projets dans une plateforme BIM équivalente à celle d’Autodesk BIM Collaborate Pro. Une démarche à laquelle je participe en jouant un rôle moteur, sur la conduite du changement.
Par ailleurs, les pôles qui utilisent la maquette de manière plus régulière sont les suivants :
- Le pôle BIM, car nous sommes le gestionnaire principal de la Maquette BIM pour les projets en BIM Management, BIM Coordination, Innovation BIM, ainsi que les questions de formation et intégration du BIM dans la culture de l’entreprise
- Les pôles, Fluides, VRD, Electricité et STR, lesquels utilisent la maquette BIM au quotidien. Etant donné que nous avons instauré le BIM au sein de tous nos projets sans exception, nos experts BIM Modeleurs, utilisent le logiciel Autodesk Revit pour modéliser leurs lots respectifs de manière collaborative, sous la direction du pôle BIM pour l’aspect numérique et sous la direction de leurs managers respectifs pour l’aspect métier à part entière
- Le pôle Thermique et Environnement et le pôle Economie de projet, utilisent également la Maquette BIM, dans le bût d’obtenir des métrés pour leurs études respectives à travers l’Outil_ACV_ECO_BIM qui est le résultat de ma thèse professionnelle
Si tu devais citer 2 projets dont tu es fière, lesquels choisirais-tu et pourquoi ?
C’est difficile de choisir, mais si je devais citer deux projets, je choisirais en premier le projet de construction de 21 logements à Arcueil, qui est un projet pour « Immobilière 3F » avec l’agence d’Architecture « Odile+Guzy ». Ce projet était l’un de mes premiers projets en full BIM, pendant lequel j’ai rédigé la Convention BIM, j’ai effectué la synthèse et détection des clashes, j’ai pu participer à des réunions BIM, ainsi qu’effectuer l’analyse et l’audit des maquettes externes.
L’un des usages spécifiques BIM pour ce projet était la visualisation des logements selon le type et la visite virtuelle. Pour y répondre, le pôle BIM a pu produire des maquettes des témoins virtuels, et des vidéos qui permettent aux futurs locataires et acheteurs de se promener dans les logements. Ce projet me tient également à cœur car il a été mon cas d’étude pour la création de la solution ACV_ECO_BIM de production des métrés à travers la maquette BIM.
Un autre projet qui m’a marqué et pour lequel je suis particulièrement fière est le projet de construction d’un collège à Massy pour le Conseil Départemental De L’Essonne avec l’agence d’Architecture « Ameller & Dubois Architectes ».
J’ai pu suivre ce projet du début jusqu’à la phase EXE en utilisant pour la première fois l’aspect métadonnée des maquettes BIM, à travers l’intégration des paramètres partagés dans nos maquettes. J’ai également pu participer à la gestion de la plateforme Kroqi, aux revues BIM et réaliser la détection des collisions pour le projet.
Est-ce plus compliqué d’être une femme dans le BTP et le numérique selon toi contrairement à d’autres secteurs ?
Je suis ravie que tu poses cette question. Etant une Femme dans le domaine du BTP, d’origine grecque, je peux te dire que cela m’est déjà arrivé de ressentir un traitement différent lié à mon genre ou à ma nationalité.
Traditionnellement, le domaine de la construction et du BTP était composé d’hommes plus que des femmes. Mais avec les années, il y a eu une évolution considérable sur ce sujet, même si nous avons encore du progrès à faire pour dire qu’il existe une égalité des chances. Je dirais qu’actuellement, être une femme dans le BTP n’est pas si diffèrent que d’être une femme dans n’importe quel autre secteur. Malheureusement, il faut souvent se montrer et mettre en avant ses compétences plus qu’un homme ne l’aurait fait.
Personnellement, je vois cela comme un challenge de plus, car j’ai appris avec l’expérience à me forger un caractère à toute épreuve, en occupant des postes à responsabilité comme celui de l’Architecte et du BIM Manager !
Qu’aimes-tu surtout dans le fait de travailler pour un tel BET pluridisciplinaire ?
Faire partie de Scoping, me permet d’acquérir des notions de base sur un éventail de spécialités dans le domaine du Bâtiment et de la Construction qui sont présentes en interne. Etant dans un open space, entourée d’experts sur différents domaines, c’est comme avoir une « encyclopédie intégrée » accessible à tout moment. Grace la pluridisciplinarité de Scoping, j’ai eu l’opportunité d’apprendre aux côtés du pôle Structure, Plomberie, CVC, Electricité, Thermique, Assistance à Maitrise d’ouvrage, direction des projets, environnement/carbone, etc.
Ces connaissances me donnent la possibilité d’avoir un regard complet sur l’aspect de synthèse des projets, qui est primordial pour mon métier.
A l’avenir et même si tu es une jeune BIM Manager, aimerais-tu partager ton savoir avec les jeunes générations dans les écoles ?
Même si le BIM existe en France depuis plus de 8 ans, je pense qu’il n’est pas suffisamment mis en avant dans les établissements scolaires, les universités et les grandes écoles pour les nouvelles générations. Faire partie des personnes qui œuvrent au quotidien pour transformer le BIM en langage universel de la construction me tient particulièrement à cœur.
Il est essentiel de reconnaître que le domaine du BIM est en constante évolution, cela signifie que ceux qui en font partie doivent se tenir régulièrement informés des dernières avancées. Par conséquent, les nouvelles générations sont les mieux placées pour nous transmettre leurs connaissances.
En tant qu’ancienne architecte, la création ne te manque pas ? Comment compenses-tu la créativité ? En fais-tu à côté ?
Dans certains cas, on dit que le BIM est un métier peu créatif. Je ne dirais pas que je partage le même avis, car le domaine du numérique nous permet de réfléchir en 3D, comme en 10D (la 10ème dimension du BIM évoque l’industrialisation des processus de la construction) en 2023 et il y aura sûrement de nouvelles dimensions à venir. De ce fait, nous avons la possibilité d’être créatif en plusieurs dimensions, bien plus que la 3D et cela nous permet de repousser les limites et d’innover.
Concernant le côté invention, cela demande de la créativité pour mette en place des solutions qui facilitent notre quotidien et nous permettent de rapprocher plusieurs métiers en leur donnant la possibilité de collaborer et c’est cela qui me plaît le plus dans mon métier.
En parallèle, j’aime m’exprimer à travers la musique, en jouant d’instruments comme la guitare, le ukulélé, etc., ainsi que la chanson. Le sport joue un rôle important dans mon quotidien également, car comme on dit pour être efficace, il faut « Un esprit sain dans un corps sain ».
Y-a-t-il quelque chose de particulier que tu souhaiterais dire à nos lecteurs ?
Absolument, je tiens à te remercier Emmanuel, car tu me donnes l’opportunité de profiter de cette interview pour démystifier la démarche BIM. Je comprends que le BIM peut paraître compliqué ou peu rentable. En revanche, les temps changent et nous devons maintenant penser nos projets sur le long terme. Il est important de dire, que cette démarche nous aide considérablement entre autres à gérer les données alphanumériques de nos projets, car c’est une demande de plus en plus récurrente de la part de nos clients. De ce fait, le BIM est une notion indispensable à apprendre, et cela, peu importe son métier dans le BTP ou la taille de ses projets.
Tu es un exemple de réussite, alors que dirais-tu aux futures générations qui comme toi aimeraient faire du BIM leur carrière ? Doivent-ils trouver notamment le juste équilibre entre architecture, ingénierie et BIM ?
Alors, je leur dirais que c’est un très bon choix de faire du BIM car c’est un métier du futur ! ahah !
En vrai, pour les jeunes qui veulent faire une carrière dans le BIM, je leur conseillerais de suivre une licence (Bac+3) hybride Architecture/BIM ou une licence hybride ingénierie/BIM, puis un Master (Bac+5) en Architecture ou Ingénierie, complétée par un Mastère spécialisé BIM (Bac+6). Il y a plusieurs écoles qui proposent des formations adaptées, telles que, l’ENSAPLV, le CESI, l’ESTP, l’Ecole des Ponts ParisTech, etc.
Bien sûr il y a plusieurs autres moyens de faire du BIM, ce que je propose est une solution parmi tant d’autres. Donc si votre parcours est diffèrent, il y a des formations qui pourront vous aider à vous spécialiser. Ceci dit, je souhaite bonne chance à tous les nouveaux et futurs BIMeurs du monde entier !
Liliane, nous te remercions sincèrement pour ce partage d’expérience très intéressant. Nous te souhaitons de poursuivre cette très belle carrière !