Interview BIM Managers – Episode #30 Michaël Fauchet, Patriarche – le BIM pour unir architectes et ingénieurs au sein d’une grande agence pluridisciplinaire et donner naissance à l’architecture augmentée

Cette semaine, notre série d’interviews de BIM Managers se poursuit, et c’est un évènement car nous recevons l’une des grandes agences françaises pluridisciplinaires, Patriarche qui est en forte croissance, et son BIM Manager, l’une des figures du BIM en France, Michaël Fauchet, Architecte.

Agence Patriarche

Bonjour Michaël, ABCD Blog est très honoré et ravi de te recevoir cette semaine. Tu fais partie de ces grandes personnalités du BIM que beaucoup de personnes connaissent, et qui intervient régulièrement lors d’évènements. Nous souhaitions depuis longtemps t’interviewer et notre souhait se réalise enfin. Ton parcours passionnant intéressera toutes nos lectrices et tous nos lecteurs.

Pourrais-tu tout d’abord te présenter en quelques mots et nous dire quel est ton rôle chez Patriarche ?

Merci avant tout à toi Emmanuel de me faire une petite place sur ton blog très suivi dans le monde du « BIM », c’est moi qui en suis très honoré.

Architecte de formation, j’ai intégré Patriarche, agence d’architecture pluridisciplinaire, en 2019 en tant que BIM manager. Aujourd’hui, mon équipe compte 4 collaborateurs. Notre rôle auprès des équipes projets de l’agence intervient à plusieurs niveaux : suivi des méthodologies de travail, accompagnement dans la bonne application du BIM management dans les projets (conventions, chartes BIM, présynthèses, mise en place de GED, relation avec les partenaires Clients, BE, entreprises, …), formation, support et aide des équipes au quotidien. Sans oublier la veille technologique indispensable dans notre métier.

Tu es originaire de Belgique qui a une relation forte à l’architecture et qui a vu naître des courants importants dans l’histoire de l’architecture. Pourrais-tu nous parler de tes études et tes premiers pas après l’école d’architecture ? Est-ce que tout d’abord, l’architecture a toujours été un rêve d’enfant et une passion pour toi ?

J’ai étudié à « La Cambre » à Bruxelles (ISACF -Institut Supérieur d’architecture de la communauté Française La Cambre). Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours aimé « les plans », ce qui était de l’ordre de la représentation du réel, du dessin, de l’image, du graphisme, du détail, … Également, attiré par les technologies de manière général et l’art, l’Architecture s’est rapidement présentée comme une évidence pour moi !

Ma passion pour la « 3D » (CAO/images de synthèse), qui m’a conduit aujourd’hui vers le BIM, est venue lors de mes études. Le dessin « à la main » n’étant pas ma qualité première. Je me suis très rapidement tourné vers les outils informatiques qui faisaient leur apparition dans les écoles d’architecture. J’ai ainsi connu les débuts de la CAO avec des logiciels tels que Architrion, Stratavision, Pov-Ray … mais également un peu de programmation avec la création d’un générateur de plan de Villa Palladienne (avec HyperCard, base de données et graphisme …)

Travail de fin d’étude : « Reconstitution d’une œuvre architecturale disparue, la Maternité Reine Astrid de l’architecte Belge Marcel Leborgne ». Réalisée à l’aide de POV-Ray, logiciel de lancer de rayon (langage C++ orienté objets, sans interface graphique !).

Avant Patriarche, quel a été ton parcours en quelques mots et dates clés ?

À la sortie de mes études d’architecture, en 1997, j’ai voulu intégrer une agence orientée vers les outils numériques de conception architecturale. D’abord collaborateur au sein de « petits » bureaux (maisons individuelles, logements, rénovations) déjà équipés d’outils CAO comme MiniCad, je rejoins Assar en 2000, une agence d’architecture qui réalise principalement des immeubles de bureaux et du logement à l’aide de Star Architecture, un logiciel puissant pour l’époque tournant sur Unix et ensuite Revit. Pour la petite histoire, j’ai travaillé pendant 7 ans avec Didier Hoffman que tu as également interviewé sur ton blog.

Ensuite, en arrivant en France, en 2007, j’intègre l’agence AIALifeDesigners à Lyon, un bureau orienté dans la conception et la réalisation de projets dans le secteur de la santé. Cette expérience m’a permis de développer mes connaissances et de les mettre à profit dans la réalisation de projets plus complexes en favorisant l’interopérabilité entre les différents métiers et outils. Je participe à la mise en place des processus BIM et le passage à Revit (l’agence étant sur AutoCAD en 2D) au sein du groupe et m’occupe également de la partie « 3D imagerie/VR ». Et me voilà maintenant chez Patriarche.

On sait aussi que la Belgique est un pays ou la BD et le dessin ont une grande importance, ainsi que l’utopie avec de grands noms tels que Schuiten et Peeters. Est-ce que cela t’a influencé dans cette attirance vers la représentation de l’architecture ou cette passion pour la 3D et le BIM t’est venue tout simplement lors de tes études ?

Je viens d’une ville industrielle qui est aussi la ville des éditions Dupuis (-Spirou-) où se croisent « technique et 9ième art ». J’ai donc grandi dans un univers qui a certainement influencé, inconsciemment ou pas, mes envies de dessin, de projection (et d’évasion aussi !) La 3D et les outils informatiques sont arrivés plus tard dans mon parcours et m’ont apporté un moyen de m’exprimer différemment sur mes projets d’architecture.

Pourrais-tu nous présenter l’Agence Patriarche et son organisation, un grand nom de l’Architecture en France ?

Patriarche est une agence pluridisciplinaire qui intègre en son cœur un grand nombre de disciplines connexes à l’architecture.

Fondée en 1960 par Bernard Patriarche avec cette idée originale de combiner l’architecture et l’ingénierie dans les mêmes locaux. Cette approche intégrée a rencontré un franc succès en permettant de construire plus de 2 500 projets, à travers toute la planète pour des clients publics ou privés. Patriarche s’est illustrée dans sa façon de se concentrer autant sur les conditions esthétiques, fonctionnelles, émotionnelles de l’architecture, que sur le développement durable et social de l’environnement construit. Sous l’influence de Jean Loup et Damien Patriarche, l’agence a constamment questionné le rôle et les moyens de pratiquer l’architecture dans ce monde mouvant, au point d’intégrer beaucoup d’autres compétences, cultures et savoir-faire associés pour produire une forme augmentée d’architecture, toujours plus attentive à notre époque, en bouleversant les codes et les pratiques établis.

Patriarche compte aujourd’hui près de 350 personnes en France, en Suisse et au Canada. Elle se compose de savoir-faire et de compétences variés, au sein de son agence et de ses filiales, qui permettent de répondre à tous types de projet.

  • L’agence d’Architecture : une organisation inédite autour de plusieurs disciplines (Architecture – Aménagement urbain – Fluides – Environnement – Architecture intérieure – Économie – VRD – Construction – Structure – Signalétique)
  • Patriache DB : filiale de maîtrise d’œuvre (construction, réalisation)
  • Bart : filiale de montage immobilier (promotion, développement)
  • Hank : filiale d’accompagnement des collectivités, des territoires et des entreprises
  • Patriarche UX : filiale en charge du développement et du management de solutions digitalisées
  • Patriarche Creative : pôle de communication et graphisme
  • Myah : filiale en charge de l’aménagement intérieur (sélection de mobiliers et d’accessoires)
  • Walter : filiale d’exploitation et de gestion d’espaces de travail fixes et flexibles

Tu as un rôle clé chez eux. Peux-tu nous expliquer tout cela ?

Le pôle BIM a une place très importante au sein de l’agence. Nous sommes au cœur des différents projets mais surtout le liant pour les différentes disciplines.

Lors de la réalisation d’un projet en BIM, notre rôle consiste à mettre en place les processus d’échanges. Ceci passe par la réalisation de conventions, la rédaction de cahiers des charges, la mise en œuvre et le suivi d’actions, et l’accompagnement des équipes dans la définition des réponses aux exigences attendues. Nous réalisons des présynthèses avec les différentes maquettes métiers lors de réunions de revue de projet. Le but étant d’avoir des projets les plus cohérents pour nos rendus.

Tu définis la stratégie BIM du Groupe. As-tu une équipe dédiée ?

Nous sommes 4 au sein de l’équipe dont un développeur : Julien Rodeschini, Cyril Grange-Dailloux, Vianney Croyal et moi. Une petite équipe qui ne demande qu’à grandir. À ce propos, nous sommes actuellement à la recherche de renfort.

La stratégie BIM est plutôt globale à l’agence. Ensemble, nous mettons en place les processus en fonction des projets. Nous essayons d’impulser le « BIM » à tous les niveaux tant pour les projeteurs, architectes, ingénieurs, responsables travaux, que pour les chefs de projets mais aussi les ingénieurs d’affaires. Notre objectif est de développer ces nouvelles méthodes de travail à l’échelle du groupe mais aussi les nouveaux outils à notre disposition (notamment les plateformes collaboratives, les scans 3D, le phasage 4D, la réalité virtuelle, …) qui sont des moyens efficaces pour faciliter nos échanges en interne comme en externe.

Depuis quand le BIM a pris une place prépondérante chez Patriarche et en quoi cela est-il important pour vous ?

Très vite, Patriarche a intégré les outils numériques de par sa volonté d’unir les architectes et les ingénieurs. Les outils informatiques sont utilisés depuis 1992 avec déjà le travail en 3D mais pas encore cette notion de « Data ». Le « BIM » est venu progressivement et naturellement du fait de l’ADN de l’agence, mais aussi d’une volonté forte d’interopérabilité entre tous nos métiers.

Vous faites partie de ces Agences qui couvrent l’Architecture et aussi l’Ingénierie. Est-ce que cela rend les choses plus compliquées à organiser et à gérer d’un point de vue BIM ?

C’est ce qui est enrichissant ! On touche à tous les domaines avec leurs problématiques et spécificités. Nous devons arriver à créer une alchimie et le BIM c’est bien ça. Il nous permet également d’essayer d’unifier nos méthodes, nos workflows d’échange dans nos projets. C’est parfois plus facile par rapport à des équipes externes bien que l’évolution perpétuelle des outils reste une tâche complexe.

Quel est ton quotidien en tant que BIM Manager chez Patriarche ? Au-delà de la gestion de l’équipe et de la stratégie BIM, fais-tu aussi du projet ?

Aujourd’hui, le « BIM » occupe 100% de mon temps. Entre les projets qui démarrent, ceux en cours et les audits maquettes, les présynthèses, la montée en compétence des équipes, la veille technologique (test d’outils), les conventions et chartes, le DOE numérique, … Mais aussi beaucoup d’écoute, de dialogue et de partage qui font partie intégrante de mon travail. Tout cela fait un quotidien bien rempli 😉

Comment est constituée ton équipe BIM et quels sont leurs rôles ?

Ingénieur, architectes et développeur : l’équipe est pluridisciplinaire. Nos expertises diverses nous permettent d’avoir une vision complète du métier. Nous répartissons le travail par projet ce qui permet de garder une vue d’ensemble. Toute l’équipe est actuellement en France, mais nous avons également des relais pour le Canada et pour la Suisse.

Sur quelles phases faites-vous du BIM ? Couvrez-vous la conception, le chantier et la création de maquettes BIM pour la gestion et la maintenance ?

Nous couvrons toutes les phases ! Avec plus ou moins d’importance et d’implication en fonction des objectifs projets.

Le BIM est-il pratiqué par chacun des architectes et ingénieurs de l’agence ou, venez-vous en support de leur travail et modélisez-vous pour les architectes ?

Tout le monde est impliqué et participe ! C’est l’essence même du BIM, la collaboration ! Concernant la modélisation, ce n’est pas notre rôle même s’il arrive parfois que nous devions aider pour des modélisations spécifiques. Le but c’est l’autonomie de tout un chacun. C’est pour cette raison que nous faisons de la formation continue des équipes.

Quels sont selon toi les grandes qualités que doit avoir un BIM Manager au sein d’une Agence ?

Au-delà des compétences métier. L’écoute, la communication, l’esprit d’équipe, l’ouverture d’esprit, …

Tu suscites l’admiration (entre autres) par ton calme et ton esprit d’analyse. Est-ce que cela t’aide dans ton quotidien qui doit être parfois tendu avec les enjeux liés à la complexité de la mise en place d’un tel processus ?

Dans nos métiers, nous savons très bien que tout bouge et évolue. Savoir rester calme, prendre un peu de recul pour analyser, sans pour autant perdre l’objectif final, sont indispensables pour comprendre les enjeux du projet… même si parfois cela demande de prendre sur soi 😉

D’ailleurs, y-a-t-il toujours de la résistance au changement et notamment au BIM et au digital dans les agences ?

Un peu de résistance oui, car on en demande toujours plus. Ce que je remarque souvent c’est le besoin de comprendre, parfois la peur dûe au manque de connaissances. Si on arrive à faire passer le message et à bien expliquer, alors les résistances sont moins fortes et on obtient l’adhésion. L’humain reste la clé.

Vous avez choisi Revit pour les disciplines MEP (CVC, plomberie, électricité), pour quelles raisons ?

En effet ! Revit « MEP » est un outil qui a su répondre à toutes nos exigences, notamment pour tous nos échanges en interne. Aujourd’hui, Revit est en cours de déploiement pour nos architectes et nos ingénieurs structure, l’ensemble va nous permettre de faciliter et d’optimiser encore plus les échanges au quotidien (sans avoir recours à l’IFC). Toutes nos maquettes sont liées et à jour sans besoin d’export/import. Nous serons dans un écosystème plus homogène et ouvert.

© Patriarche

La plateforme Revit et la multiplicité et la richesse de son écosystème d’applications tierces sont-elles un atout pour vous ?

Oui c’est un atout évident. Grâce à son écosystème et son ouverture, par les API notamment, Revit nous permet de développer en interne nos propres outils mais aussi d’avoir la possibilité de développer des passerelles vers des outils en devenir (BOS, VR, …), de se connecter à de nouveaux outils – pour les calculs environnementaux par exemple (E+C-)- et enfin d’’intégrer nos ingénieurs thermiciens et nos économistes un peu plus en amont.

Penses-tu que la vision et l’organisation organique du projet que propose Revit soit intellectuellement plus proche de la manière de penser d’un architecte que d’autres technologies ?

Pour moi elle est des plus limpides et correspond en tous points à notre métier. On conçoit un bâtiment (3D et data) et ensuite on en extrait la documentation (plans, coupes, façades, détails, quantitatif,…). Le tout selon un phasage, avec toutes les informations que l’on souhaite et surtout avec une prise en compte globale des données qui permet de garantir une cohérence d’ensemble.

Penses-tu que le choix de Revit vous aide à mieux coordonner les différentes disciplines (Architecture, Structure et MEP) ?

Oui, et surtout plus rapidement avec quasiment du temps réel entre les différentes disciplines. La présynthèse se fait plus facilement par les équipes et entre les différents métiers, dans un seul et même logiciel. Bien sûr, cela ne supprime en rien la communication qui restera toujours le nerf de la guerre, notamment lorsque se présentent des problématiques liées à la « temporalité » souvent différentes par métier. Il nous reste encore des points à optimiser, à approfondir, à faire évoluer mais le principal y est.

Avec un environnement logiciel hétéroclite, la collaboration est d’autant plus importante et l’openBIM joue un rôle clé. Comment Revit et les solutions Autodesk vous aident en ce sens ?

Effectivement, non seulement du fait de notre interdisciplinarité en interne, mais aussi en externe, afin de pouvoir transmettre nos maquettes ou en recevoir. Pour ce faire, nous pouvons utiliser l’IFC qui reste pour l’instant le meilleur moyen d’échanger en conservant la géométrie et les données.

D’ailleurs, en termes de collaboration, vous faites partie des quelques agences innovantes qui collaborent en temps réel à distance grâce à BIM 360 Design. Pourrais-tu nous en parler et évoquer les avantages que cela vous apporte ?

Oui, nous l’avons utilisé sur un projet international de laboratoire. L’utilisation était indispensable car nous avions plusieurs équipes sur Revit et dans différents pays. Nous avions aussi des impératifs de délais dus au projet et à ses spécificités. BIM360 Design nous a permis de pouvoir travailler et collaborer dans Revit avec nos fichiers sur le Cloud et en temps réel avec tous les intervenants, sans devoir donner nos accès à nos serveurs ou avoir accès aux serveurs des différents intervenants, ni même mettre en place des workflows d’échange de fichier (via des FTP ou autre système d’échange). D’une grande simplicité et très efficace, c’est comme si nous travaillions tous dans la même agence !

Utilisez-vous aussi BIM 360 Docs ? En quoi cette solution est-elle aussi importante pour vous ?

Nous l’utilisons en complément de BIM360 Design, en tant que plateforme d’échange de fichiers et de visualisations de document en tout genre ou de maquettes numériques. Nous l’utilisons comme une GED même si ça ne l’est pas encore.

Utilisez-vous déjà la conception générative dans Revit ?

Non, pas encore eu l’occasion mais j’ai hâte de trouver un créneau pour le faire et pouvoir le partager avec nos équipes. Pour tous les domaines de la conception du projet : les faisabilités, les volumétries, les façades, les aménagements, ….

Tu as dans tes équipes un développeur, Vianney Croyal. En quoi consiste son rôle et est-il clé pour votre succès ?

Oui, son rôle est important car tous les outils existants sur le marché ne peuvent pas répondre à nos besoins spécifiques. Aujourd’hui, nous devons avoir la possibilité de personnaliser, optimiser mais aussi d’automatiser certaines de nos tâches. Ses compétences nous permettent une certaine flexibilité et réactivité dans nos projets.

Vous avez été finalistes des récents BIM d’Or 2020 pour un projet de laboratoire international très complexe, félicitations ! En quoi le BIM a-t-il été important et vous a permis de résoudre des défis impensables ? Et pourrais-tu nous parler de ce beau projet ?

Merci ! C’est un projet de laboratoire de 16 000 m2 destiné à un leader des biotechnologies qui regroupera des espaces de travail collaboratifs, des laboratoires et des salles blanches de bioproduction. Le projet offrira une infrastructure flexible par sa conception pour s’adapter facilement aux nouvelles machines issues de l’évolution technologique. L’objectif est de regrouper tous ces espaces en un seul lieu, chacun devant être ouvert pour casser les silos, favoriser les collaborations, la créativité, la sérendipité tout en respectant de hauts standards sanitaires, de sécurité et qualité.

L’équipe dédiée au projet est complexe à l’image des enjeux. Le projet a nécessité une organisation encore plus poussée qu’à l’habitude pour intégrer l’ingénierie du maitre d’ouvrage (plus de 70 personnes), l’ingénierie Process (20 personnes), mais aussi plusieurs Bureaux d’études partenaires Suisses. L’équipe complète est internationale, et est basée géographiquement à plusieurs endroits, en Suisse, en France, en Italie, en Allemagne. Outre le choix de la langue, la mise en place de workflows d’échange, de convention BIM, cela nous a incité à utiliser des outils numériques collaboratifs particulièrement optimisés. Dès le début de la phase conception nous avons mis en place une plateforme collaborative (BIM 360 Docs et Design) afin que tous les intervenants puissent avoir accès en temps réel à tous les documents (de tous types) à jour et cohérents.

La plateforme s’est avérée d’une grande utilité dans les échanges, les commentaires et remarques (visas) tout au long du développement du projet. Toujours en place pour la partie construction, elle répond aujourd’hui aux besoins des entreprises partenaires. La mise en place d’un workflow spécifique a dû être établi car la multitude d’outils utilisés par les différents corps de métier nous a imposé une méthode rigoureuse. Lors de la synthèse technique, la plateforme nous aide à valider les choix techniques, la maquette numérique est précieuse et efficace pour anticiper les croisements de fluides, voir les conflits, les incohérences, la vérification des données, la position des équipements de sécurité, les quantités, le gain de temps des décisions (La gestion du planning étant primordiale sur ce projet), la coordination des différentes équipes… Elle est le centre des échanges (visuel et informatif).

L’utilisation de la réalité virtuelle à l’aide d’un casque est venue compléter le dispositif et a été un atout précieux pour la validation des choix architecturaux et techniques lors des revues de projet.

Les évènements à la suite de la COVID-19 auraient pu mettre à mal les avancements du projet, mais grâce à l’utilisation des plateformes et le processus collaboratif, notre travail ne s’est pas arrêté, il y a juste eu des visioconférences supplémentaires.

© Patriarche

Quel est selon toi votre élément différentiateur par rapport à vos concurrents ?

Notre pluridisciplinarité. Nous avons tous les corps de métier en interne. C’est une chance ! Ce modèle nous permet de fluidifier notre travail et d’avoir un workflow unifié.

Le BIM vous permet-il de développer les services que vous proposez à vos clients ?

Oui, aujourd’hui nous proposons des services en lien avec nos maquettes numériques. Nous réalisons des sites internet pour l’immobilier avec visualisation (type VR, 360°, …), avec plus ou moins d’interactivité. D’autres développements liés à la GMAO ou au chantier sont en cours. Nous aurons l’occasion d’en reparler.

Est-ce que la pandémie de COVID a changé votre manière de travailler et votre organisation ? Des technologies BIM vous ont-elles permis de surmonter cette période difficile ?

La pandémie a effectivement bouleversé notre façon de travailler. Je dois dire que Patriarche a anticipé et mis les moyens humains et techniques pour y faire face. Nous avons tous les outils nécessaires pour échanger facilement et en temps réel… depuis chez nous. BIM360 Design nous a également permis de faciliter le télétravail.

Toutefois, pour d’autres projet sans plateforme, il est vrai que cela peut être plus compliqué. Les échanges et les temps de téléchargement de fichier mais aussi de recompilation peuvent s’avérer plus longs. Il ne faut pas oublier que nous parlons de fichiers collaboratifs : plusieurs personnes sur le même fichier sans plateforme nécessite que le travail soit découpé et ensuite recollé ….

Quels sont vos prochaines étapes autour du BIM ?

Les prochaines étapes vont être de renforcer l’équipe. Ensuite, il nous reste les sujets liés à toutes les questions environnementales et les nouvelles obligations et réglementations qui vont permettre d’exploiter encore plus en amont les maquettes numériques avec les matériaux, les simulations thermiques, … tout ce qui concerne l’analyse et la simulation de manière générale (notamment aussi les phases 4D en lien avec nos outils de planification chantier).

Que penses-tu de l’état du marché français en termes d’adoption BIM ? Le Gouvernement prend-il selon toi assez de mesures pour faire avancer l’utilisation de ces nouvelles technologies ?

J’ai l’impression que depuis quelques années, on ne fait que recommencer. Il y a eu les objectif 2018 et maintenant les objectif 2022…Pourtant, je pense que le marché français est très avancé. Il y a beaucoup d’acteurs « motivés » et ça fait du bien. Il faut reconnaitre que ça bouge. Suffisamment ou pas ? Difficile de dire pour l’instant. Ce qui manque c’est « l’après » :  la gestion maintenance des projets,

Cette partie est très importante. Elle est mise en évidence car c’est l’une des finalités mais on la perd souvent en cours de route, pour parfois ne plus exister, alors qu’elle fait partie des objectifs premiers de la maitrise d’ouvrage.

Penses-tu que l’obligation du BIM pour les marchés publics serait utile ?

J’aurais envie de te dire oui, mais on ne peut répondre directement à cette question, sans parler de normes et d’objectifs. Nous devons répondre à de nouveaux besoins des maîtres d’ouvrage. Nous pouvons aussi faire du « BIM » sans obligation mais juste la volonté de faire et de bien faire.

Si c’est pour obliger et ne pas comprendre le but alors pas d’intérêt ! Le BIM c’est se mettre autour de la table ensemble pour avancer ensemble dans un but commun qui est le projet, son utilisation et son appropriation future.

Michaël, quelles sont les passions extérieures d’un Expert BIM Comme toi ? 😊

Les nouvelles technologies. J’aime aussi l’image en général (graphique, réaliste, surréaliste) de la photo à la 3D en passant par le dessin, l’architecture bien sûr, le cinéma, … Je suis plutôt un « curieux » de tout. J’aime également me déconnecter au grand air.

Connaissais-tu ABCD Blog ?

Oui, je suis abonné ! Et je le suis depuis le début 😉.
Ton site est une mine d’or un concentré d’informations sur le bâtiment et le numérique.

Michaël, merci beaucoup de nous avoir fait découvrir ton quotidien. Nous te souhaitons de continuer sur la voie du succès et du BIM au sein de l’agence Patriarche pour les années à venir 🙂

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