Thomas Amarsy – Au-delà des frontières entre Architecture, BIM et créativité !
Les Architectes adoptent de plus en plus le BIM mais la route vers une transition numérique et BIM totale reste encore longue. Dans ce contexte, il faut pouvoir être accompagné par des Experts pointus et si possible du métier. Parmi eux, Thomas Amarsy et sa société TAA font figure de leader hors pair. Diplômé en architecture, ainsi que du MS BIM de l’ENPC/ESTP, il accompagne les Agences d’Architecture qui décident de franchir le cap en les formant et en assurant le suivi de leur montée en puissance et compétences, voire même de la production à leurs côtés.
Architecte et fondateur de TAA (Thomas Amarsy Architecture).
Nous avons le plaisir d’interviewer aujourd’hui Thomas qui a notamment participé à la naissance du majestueux dôme Tropicalia de l’Agence Coldefy.
Bonjour Thomas, bienvenu sur ABCD Blog. Pourrais-tu stp te présenter en quelques mots à nos lectrices et lecteurs ?
Bonjour Emmanuel, je m’appelle Thomas Amarsy, j’ai 38 ans et je suis Architecte. Je vis et je travaille à Bordeaux au sein de ma propre agence TAA.
Quelle est ta formation d’origine et as-tu toujours été passionné par l’architecture et les nouvelles technologies ou est-ce lié à un évènement particulier ?
Je suis diplômé de l’école d’Architecture Paris-Val-de-Seine depuis 2009. J’ai fait une année d’étude au Maroc à Rabat et je suis actuellement en train de terminer mon Master Spécialisé BIM à l’école des ponts Paris-Tech. Pour la petite histoire, je voulais être architecte naval ! C’est en rentrant à l’école Paris-Val-de-Seine que j’ai découvert le bâtiment et j’ai décidé de continuer dans cette voie. Le numérique a toujours été présent chez moi, mon père étant informaticien, je baigne dedans depuis tout petit !
Tu as eu un parcours professionnel très riche avec des passages dans de grandes agences et une implication sur des projets iconiques. Peux-tu nous en parler stp ?
Oui, j’ai travaillé 8 ans au sein des Ateliers Jean Nouvel. Ce fut une très belle expérience où j’ai eu la chance de travailler sur de superbes projets en France et à l’étranger. C’est aussi une excellente école pour apprendre le travail en équipe dans un cadre international et pluridisciplinaire.
Tu as même fondé ton agence par la suite ?
Oui, en 2016, j’ai quitté Paris et je me suis installé à Bordeaux afin d’y créer TAA.
Tu t’es formé au MS BIM. Quels enseignement en tires-tu, et cela t’a-t-il conforté dans tes choix professionnels et cela t-a-t-il apporté beaucoup ?
En 2020, j’ai eu l’envie de diversifier mon activité, trouver un second souffle dans ma carrière. Retourner à l’école après 10 années d’expérience professionnelle n’est pas évident, mais cela m’a ouvert de nouvelles perspectives tout en restant dans le secteur de la construction. C’est un peu comme si j’avais fait une petite mise à jour !
Quand as-tu décidé de fonder TAA et pourquoi ? Le salariat ne t’attirait plus ? Es-tu seul au sein de ta structure ?
Cela a toujours été un objectif pour moi. Issu d’une famille d’entrepreneurs, je crois que je n’ai jamais imaginé une autre façon de travailler. Pour autant, je suis content de n’avoir franchi le pas qu’après une solide expérience en tant que salarié. Pour le moment, je travaille seul mais je vais bientôt avoir besoin d’aide !
Quels services proposes-tu ?
J’ai deux activités complémentaires qui se rejoignent parfois. D’un côté l’architecture en tant que maitre d’œuvre, seul ou en association avec d’autres architectes. De l’autre côté, le numérique avec des services de BIM/CIM management, assistance à maitrise d’ouvrage BIM/ CIM, modélisation et design paramétrique.
Quand, comment et pourquoi as-tu développé tes compétences pointues, notamment en termes de paramétrique, programmation visuelle, modélisation, rendu, etc. ?
Cela est devenu une nécessité en travaillant sur des projets complexes (géométrie ou structures atypiques, traitements de façades particuliers, design génératif, traitement et structuration de données etc…). Certains projets auraient été quasiment impossible à dessiner sans l’aide de ces outils ou alors dans un temps beaucoup trop long. Néanmoins, je pense qu’il faut savoir les utiliser au bon moment et pas de façon systématique. C’est en l’occurrence ce dosage juste qui n’est pas évident à trouver.
Comment les technologies BIM Autodesk te servent-elles au quotidien ?
J’utilise les produits Autodesk au quotidien depuis 15 ans, mais je me suis mis au BIM et en particulier à Autodesk Revit depuis quelques années seulement. J’ai longtemps travaillé de façon « traditionnelle » avec une 2D d’un côté et une 3D purement géométrique de l’autre. La possibilité de rassembler l’ensemble dans une seule et unique interface a révolutionné notre façon de travailler et surtout de collaborer.
Tu as développé des workflows très intéressants qui intègrent notamment des technologies pour le manufacturing telles que Fusion 360. Pourquoi ?
C’est en travaillant sur Tropicalia que j’ai utilisé pour la première fois Autodesk Fusion 360. J’avais besoin d’un outil d’édition de formes souples qui permettait de limiter des points de contrôle tout en respectant certaines contraintes. J’ai essayé tout un tas de solutions, seul Fusion 360 répondait exactement à mes besoins. Nous l’avons alors intégré dans notre workflow.
L’interopérabilité, notamment openBIM est-elle importante pour toi ? Peux-tu nous en parler ?
L’interopérabilité est selon moi la définition même du BIM : être capable de collaborer autour d’une ou plusieurs maquettes BIM. Cela passe forcément par des formats ouverts sans restriction d’accès ni de mise en œuvre. Le format IFC est actuellement le seul format capable d’échanger entre les différentes plateformes BIM. Ses récentes évolutions sont très encourageantes pour l’avenir de l’openBIM.
Comment se passe une mission type lorsque tu interviens ? Et quelle en est la durée ? D’ailleurs travailles-tu uniquement pour des agences ?
Il n’y a pas de formule type. Chaque demande est unique et notre réponse adaptée et sur mesure. Certaines missions durent quelques jours, d’autres des mois, voire des années. En plus des agences, je me rapproche de plus en plus des collectivités et des aménageurs publics, notamment par le biais du CIM (City Information Modeling).
Quels sont les points les plus difficiles, ainsi que les plus agréables de ton rôle ?
Que ce soit en maitrise d’œuvre et en accompagnement BIM, il y a une énorme part de relations humaines dans notre métier. Je dirais que c’est en même temps la partie la plus dure et la plus agréable ! Nous fournissons du service. Il faut savoir être à l’écoute tout en restant ferme, il s’agit encore une fois trouver le bon dosage.
Parmi les projets sur lesquels tu as collaboré sur la partie BIM figure Tropicalia, la plus grande serre tropicale du monde, une œuvre magnifique. Que peux-tu nous en dire et quel a été ton rôle en particulier ?
Je travaille sur Tropicalia depuis 2016 entant qu’architecte collaborateur avec l’agence COLDEFY à Lille. Mon rôle est de manager l’équipe architectes pour la création des livrables, d’assurer la relation client et d’orchestrer le travail collaboratif avec les bureaux d’études. Tout cela bien sûr, sous la direction de projet de Thomas Coldefy et de son équipe.
C’est un projet hors norme tant en termes de taille que de technicité. Il a été d’abord développé de façon traditionnelle avec des outils classiques tel que AutoCAD et 3s Max. Puis le BIM est venu petit à petit s’intégrer dans le process et nous travaillons aujourd’hui essentiellement avec la maquette BIM. Nous discutons aujourd’hui sur la création d’un jumeau numérique qui sera utilisé pour la gestion exploitation maintenance de la serre dans les années à venir.
Quels sont tes objectifs pour le futur ? Comptes-tu développer encore plus ton activité et t’agrandir ?
Aujourd’hui, la création d’un pôle BIM/ CIM dans l’agence ouvre la perspective d’un développement rapide dans les années à venir. La société devrait intégrer d’autres collaborateurs d’ici 2022.
Et sur quelles innovations comptes-tu monter en puissance ?
En ce moment, je pousse à fond le développement du CIM. Nous avons récemment remporté un appel d’offre en tant qu’AMO CIM auprès de l’aménageur Euratlantique à Bordeaux.
Tu proposes aussi des services en CIM. Comment et pourquoi as-tu décidé de développer cette spécificité rare pour un Architecte ?
Très intéressé par les questions liées à l’urbanisme, c’est un sujet que j’ai décidé d’aborder en profondeur dans le cadre de ma thèse au Mastère BIM. J’ai également intégré récemment le Lab 2051 CIM, un incubateur de projets porté par le ministère de la transition écologique qui aborde le sujet du CIM avec les collectivités et les aménageurs. C’est un sujet d’avenir qui s’inscrit dans la continuité du BIM et qui englobe beaucoup d’acteurs très différents. C’est cette richesse et ce caractère innovant qui m’ont poussé à développer cette spécialité.
Sur quelles technologies CIM t’appuies-tu ?
Il n’y a pas encore de solution clairement dédiée au CIM. Il faut donc utiliser, détourner et combiner des technologies issues du BIM et du SIG. La difficulté réside dans le très grand nombre de cas d’usage que génère le CIM, les besoins sont très différents en fonction des acteurs et je doute qu’un seul logiciel puisse combler toutes ces demandes. Je pense que les éditeurs développeront dans les années à venir, plusieurs solutions dédiées, peut être sous forme de briques ou de plugins spécifiques.
Tu es lauréat de l’accompagnement de l’EPA dans sa démarche CIM (City Information Modeling) sur l’ensemble d’une opération d’intérêt national dans les années à venir. Peux-tu nous dire sur quoi ?
Oui, nous sommes très heureux de pouvoir accompagner Euratlantique dans cette démarche. D’autant plus qu’il s’agit du fruit d’une association avec ZSTUDIO (Olivier Celnik et Daniel Aranovich) qui sont des pionniers du BIM en France. En tant qu’AMO CIM, nous avons comme mission de conseiller l’EPA dans sa stratégie et ses objectifs CIM : rédaction de la documentation, suivi et contrôle des maquettes, organisation du processus CIM et création d’outils de contrôle.
La création te manque-t-elle dans ton quotidien d’Expert BIM pointu ?
J’ai la chance d’avoir une double casquette Architecte / Expert BIM. Pour le moment, c’est une répartition à environ 50/50 entre les deux activités. Cela me permet de me plonger régulièrement dans la conception et d’avoir ma dose de « création » ! C’est mon métier d’origine et je compte bien continuer à l’exercer.
Penses-tu que les architectes soient suffisamment formés et prêts pour la grande aventure du BIM ?
Malheureusement, les écoles d’architecture ne forment pas assez les étudiants sur la question du BIM. On sent comme une réticence, une peur. Dans les projets, les architectes qui sont au cœur du processus, sont bien souvent les moins compétents sur ce sujet alors que c’est pour eux une véritable opportunité de conforter leur rôle de chef d’orchestre.
Pour ceux qui auraient encore des doutes et qui diraient que cela bride la créativité, que souhaites-tu leur dire ?
C’est vrai que c’est une remarque qui revient très souvent. J’étais moi-même assez sceptique au début du BIM. Je peux comprendre cet argument mais ce n’est plus vrai. Au contraire, il existe aujourd’hui des solutions très performantes qui repoussent le champ des possibles. Il faut juste savoir les utiliser correctement pour que ces outils soient au service des concepteurs et pas l’inverse.
Quelles sont tes passions hors BIM ?
La musique et les sports nautiques
Connaissais-tu ABCD Blog ?
Bien sûr ! c’est une référence dans le milieu du BIM !
Comment peut-on te contacter pour faire appel à tes talentueux services ?
Par le biais de :
Mon site web : https://www.thomasamarsy-architecte.com/
Mon profil LinkedIn
Ou enfin mon e-mail thomasamarsy@gmail.com
Thomas, un grand merci pour cette belle et inspirante interview. Nous te souhaitons de continuer avec succès sur la route du BIM.
Merci de m’avoir accueilli sur ABCD Blog Emmanuel !