Nous avons l’immense plaisir cette semaine de recevoir l’une des grandes sociétés françaises spécialiste de la maintenance des bâtiments et du facility management, VINCI Facilities. Ils ont développé une plateforme – TwinOps – qui permet de maitriser les performances et la vie du bâtiment une fois construit et de mettre le digital au service du bâtiment Smart et de son écosystème. A ce titre, nous recevons le Responsable du Programme TwinOps et BIM FM chez VINCI Facilities, Mathieu Rigaud.
Mathieu Rigaud
Responsable Programme TwinOps et BIM FM
VINCI Facilities
Bonjour Mathieu, bienvenu sur ABCD Blog. Pourrais-tu stp te présenter en quelques mots à nos lectrices et lecteurs ?
Oui bien sûr, j’ai un parcours un peu atypique pour le secteur. J’arrive à l’origine de l’industrie du transport aéronautique, naval, ferroviaire et de la Défense. J’ai fait mes armes dans les bureaux d’études mécaniques et analyses de structure en évoluant vers du LEAN management et du MCO (Maintien en Condition Opérationnelle) pour finir lors de mon séjour outre atlantique dans le secteur du PLM (Product Lifecycle Management). J’étais en charge au Canada de réaliser le transfert technologique des processus PLM de l’aéronautique vers la construction avec l’arrivée des premières maquettes numériques. La vie a fait que je suis rentré en France et après quelques années en tant que consultant, j’ai intégré VINCI Facilities pour m’occuper du programme d’innovation BIM FM qui est devenu TwinOps.
Quel a été ton parcours avant de t’occuper de TwinOps, et as-tu toujours été passionné par le numérique et le BIM ?
En fait oui et non, j’ai toujours été passionné par la puissance de la modélisation numérique au service de la conception. Plus jeune, je voulais travailler à 100% en BE pour modéliser et concevoir toutes les machines possibles et inimaginables. Mais j’ai vite pris goût à l’ordonnancement et compris la puissance des outils numériques au service des processus et organisations terrains. La technologie au service des besoins. C’est ce qui je pense, donne sa force à TwinOps aujourd’hui. Tout le numérique a été réalisé à partir des besoins des gens de terrains et non des outils informatiques. Le BIM n’est que l’équivalent de la CAO dans le monde de la construction. Ce qui m’a plu dans l’AEC (Architecture, Ingénierie, Construction) c’est que tout était à construire. Je pense que l’on a qu’une fois dans sa vie l’opportunité d’accompagner la transformation digitale de tout un secteur.
Mais désolé de te décevoir je ne suis pas du genre à coder, mais plutôt à dessiner des schémas fonctionnels.
Pourrais-tu nous présenter VINCI Facilities, et nous dire comment vous interagissez avec VINCI Energies ?
Le groupe VINCI est riche en savoir-faire et entreprises de la concession à la construction. Mais je vais tenter l’exercice. VINCI Facilities fait partie de VINCI Energies, c’est la branche qui regroupe l’ensemble des activités de maintenance et de facility management des bâtiments de nos clients. TwinOps est une entreprise de VINCI issue d’un programme de R&D, VINCI Facilities. Ce qui nous permet d’avoir accès aux équipes terrains pour faire évoluer TwinOps. Côté interaction avec les autres divisions de VINCI Energies travaux, nous échangeons beaucoup sur la phase de prescription et de réception chantier, critique à la mise en exploitation, mais aussi avec les équipes Industrie (Actemium) avec qui nous partageons notre savoir-faire dans la gestion des modélisations et eux leurs savoir-faire en analyse de données industrielles. Cette diversité nous permet d’analyser chaque sujet, avec les différents angles de vues, de la conception à la gestion patrimoniale. Confronter une solution à d’autres secteurs est très enrichissant dans l’approche car un client industriel a des attentes différentes de par ses contraintes, mais qui sont aussi pertinentes dans le tertiaire. A titre personnel, je trouve que TwinOps réussit à fédérer autour d’un même sujet une large partie du groupe VINCI, que ce soit VINCI Energies mais aussi VINCI Construction et VINCI Concession.
Quels sont les services que vous proposez à vos Clients ? Logiciels uniquement, services, rétroconception, personnel de maintenance ? Quelle est votre offre de valeur ?
L’offre de TwinOps est relativement simple, nous fournissons la plateforme numérique au service de la performance de l’immobilier et de ses occupants. Pour être plus concret, nous créons l’ensemble du CDE (Common Data Environment) d’un ouvrage incluant les 5 types de données du graphique ci-dessous :
Une fois ces données dans la plateforme, nous fournissons à l’ensemble de l’écosystème (occupant, exploitant, gestionnaire foncier, propriétaire) les fonctionnalités dont il a besoin via des outils web simples et sécurisés.
Nous aimerions que le marché soit mature, mais ce n’est pas encore le cas, c’est pourquoi nous proposons en complément de la plateforme, l’ensemble des services qui permettent de garantir la bonne mise en œuvre et l’efficience de la solution. Des missions d’AMO BIM Exploitation en phase projet, à la maintenance des maquettes, en passant par la numérisation de l’existant. Mais certains de nos clients sont complètements autonomes dans la gestion et la mise en œuvre.
Qui sont d’ailleurs vos Clients ? Essentiellement des Maîtres d’Ouvrage ?
Il y a un an ou deux, j’aurais répondu les exploitants et les directions immobilières, car nous avons énormément travaillé sur la remontée et la qualité des données terrains ainsi que leur ségrégation. Mais aujourd’hui, on est forcé de constater que l’intérêt a été très bien compris par les property managers et les asset managers et que le gros de nos clients sont plutôt les Maîtres d’Ouvrages et propriétaires occupants. Mais les exploitants restent très prescripteurs et grands utilisateurs.
La forme des appels d’offre joue de façon importante sur qui sera notre client. Nous sommes confrontés à deux typologies qui sans le vouloir donnent le ton de la maturité de la Maîtrise d’Ouvrage :
- Cas 1 : La plateforme digitale est à fournir par le mainteneur multitechnique. Notre client sera l’exploitant avec souvent une clause de réversibilité du contrat au propriétaire en cas de changement.
- Cas 2 : L’appel d’offre sur la plateforme digitale est indépendant et piloté en direct par la maîtrise d’ouvrage qui devient de fait notre client direct. Souvent, cet appel d’offre a lieu après celui du mainteneur afin qu’il puisse donner son avis.
Je pense que dans les mois à venir, les appels d’offres seront de plus en plus du deuxième type. Le but étant pour un gestionnaire et un propriétaire de pérenniser leurs investissements dans le temps et ne plus subir comme avec les GMAO les remises à zéro à chaque changement de mainteneur.
Quand et pourquoi TwinOps a été créé ? Et d’ailleurs, qu’est-ce que TwinOps ? Pourrais-tu nous décrire cette solution ainsi que les bénéfices qu’elle apporte ?
TwinOps existait sous le nom de projet BIM FM depuis près de 6 ans chez VINCI Facilities. Le programme a démarré avec Thales et Covivio sur le campus de Velizy (primé lors des BIM D’or). Il a pris le nom de TwinOps, contraction de Digital Twin in Operations, l’an dernier et est devenu une entreprise VINCI indépendante au 1er Janvier 2020.
A l’origine, le programme se destinait à fournir un outil support à la performance des équipes d’exploitation et à la fourniture de services FM aux occupants. Mais au fur et à mesure que l’on avançait sur le projet, notre travail sur le modèle de données, la fédération des différentes sources et l’ergonomie d’usage, a amené nos clients pionniers dans une volonté de conserver la solution indépendamment du mainteneur. Nous avons intégré leurs cas d’usages et fait évoluer l’offre d’un outil du mainteneur à une solution du marché disponible pour tous. Aujourd’hui, c’est le référentiel Digital Twin d’un bâtiment pour tous ceux qui ont à interagir avec lui.
Tout savoir sur TwinOps (vidéos) ici.
La solution intègre une GED mais elle peut se connecter à un outil extérieur, un moteur d’analyse des maquettes 3D permettant de créer la base du CDE et de le mettre à jour à chaque changement dans les maquettes. On y assemble toutes les maquettes traitées et on y qualifie toutes les données. Puis, avec le catalogue de connecteurs, on y connecte toutes les sources utiles du type GMAO, ERP, IoT, GTB, SSI, contrôle d’accès, portail de services. La plateforme leur fournit le référentiel et les outils fournissent les données qu’ils génèrent à la plateforme. L’ensemble est consultable, éditable et exportable à partir de la plateforme. De plus en plus d’utilisateurs n’utilisent même plus les interfaces historiques des différents outils. Toutes les fonctionnalités sont ergonomiques et agiles. Aucune vue ou paramétrage à paramétrer ou créer : il vous suffit de choisir ce que vous voulez voir et la fonction que vous voulez utiliser et c’est parti. Techniquement pour moi, le gros atout réside dans la qualité du modèle de données très agile ainsi que l’ergonomie et la pertinence métier qu’il amène dans l’usage au quotidien. Cette agilité permet à des utilisateurs aux métiers très différents, mais parlant tous du même ouvrage, d’avoir l’impression que l’interface a été conçue spécialement pour son propre métier.
S’adresse-t-elle uniquement aux bâtiments ou aussi aux infrastructures ?
Aujourd’hui, la majorité de nos contrats sont du tertiaire et de l’industrie, mais nous travaillons depuis plusieurs mois avec les équipes de VINCI Concessions (Autoroutes et Aéroports) pour mettre la solution en œuvre sur leur patrimoine. La complexité réside moins dans le modèle de données que l’on sait adapter facilement que dans la capacité à traiter des modèles linéaires de grandes tailles. Un aéroport passe facilement, un ensemble autoroutier de plusieurs centaines de kilomètres nous pose encore des soucis. Mais c’est une question de maturité et les grands ouvrages d’arts de type ponts, barrages, pris individuellement fonctionnent très bien. Nous avons encore du chemin à parcourir sur les synergies avec le SIG (Voir le projet Beyond Asset chez VINCI avec Sixense) mais nous travaillons dessus. Les CDE Autoroutes et Aéroports seront près normalement pour la fin de l’année.
Vous l’avez développé sur la base de la plateforme web Autodesk Forge, pour quelles raisons ?
Assez naturellement au départ (il y a 5 ans) en phase de R&D, c’était l’une des seules solutions sur le marché à être facilement configurable, gérant l’affichage de gros modèles et économiquement viable par rapport aux services rendus. J’ai aussi eu la chance de travailler avec l’équipe Forge avant son lancement public et d’avoir dans mes équipes des gens qui maîtrisent très bien les technologies Autodesk. Aujourd’hui, nous continuons à l’utiliser car à moindre coût, elle permet de maintenir une grande compatibilité avec les derniers formats Autodesk (de type Revit) et d’autres formats du marché comme notamment le standard IFC. Même s’il est vrai que nous avons investi du temps sur l’optimisation de son fonctionnement pour correspondre à nos besoins et atteindre le niveau de performances voulu. C’est aujourd’hui un moyen de focaliser notre investissement sur des sujets bien plus riches en valeur que la visualisation pure de la 3D. La possibilité récente d’utiliser exclusivement des serveurs Européens nous a permis de lever certaines barrières.
Les données que génère TwinOps sont-elles analysées, traitées et alimentent-elles des algorithmes d’IA pour comprendre ce qui se passe dans le bâtiment ?
Je ne suis pas un grand fan de la terminologie d’IA qui aujourd’hui veut dire tout et son contraire. Si on entend par IA des algorithmes capables de s’auto calibrer et de détecter des corrélations indirectes entre des échantillonnages, alors oui, on en a un certain nombre. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que l’on peut mettre les plus géniaux des algorithmes en fonctionnement, si l’on n’a pas une donnée d’entrée fiable et correctement qualifiée, il sera incapable de fournir un résultat correct. Je reste très en retrait de l’agitation autour de l’IA pour cette raison. Nous avons travaillé c’est 5 dernières années à définir les workflows permettant de garantir une donnée fiable et complète pour du traitement de masse. Nous avons aujourd’hui une certaine maturité sur le sujet, il reste à avoir un échantillon de sites assez important pour valider les algorithmes d’analyses. Qui sont en passant de tous types : de l’énergie, de l’occupation, du vieillissement, de l’analyse de défaillance… Et même si l’on commençait à avoir des sujets sur la sécurité et l’évacuation en cas d’attentat, l’actualité va surement nous amener à travailler les risques sanitaires et leurs analyses dans les mois et années à venir.
Quels sont les éléments différentiateurs de votre offre par rapport à ce qui existe sur le marché ?
Côté fonctionnalités cœur, on démocratise et rend accessible l’usage du Digital Twin et le BIM à l’ensemble des humains mais aussi des applications du marché. Finis les silos et les données propriétaires. Notre apport de valeur réside dans la centralisation et la remise à disposition d’une donnée fiable permettant de sortir des problématiques de « Silos » ou de données propriétaires. Nous mettons en place de plus en plus de partenariats avec des services autrefois isolés faute d’accès à la donnée. Pour donner quelques exemples RQR, Upcyclea, Greenme qui consomment la donnée de la plateforme et en retour fournissent leurs services directement dans l’interface. La création et le partage du référentiel est la clé de voûte de ces échanges.
Pour un propriétaire, la maîtrise de la donnée et de l’ensemble des workflows nous permet de garantir sa fiabilité. Nous ne faisons pas qu’assembler des données, on pilote leur cohérence et fournit les interfaces métiers afin de garantir la collecte sur le terrain. Comme disent nos confrères anglosaxons : « One Single Source of truth »
D’un point de vue des fonctionnalités, nous fournissons dans une même interface toutes les fonctions nécessaires à chaque métier Propriétaire, Gestionnaire, Exploitant, Occupant. Finit le jonglage entre les interfaces ! Toutes les informations et les fonctionnalités sont prévues. Et cela, même si la fonction provient d’un outil externe. Nous travaillons énormément avec les professionnels de chaque métier afin de garantir la pertinence des fonctions et l’expérience utilisateur associée.
Côté mise en œuvre, notre leitmotiv est la méthode KISS : Keep It Simple and Stupid, non pas pour notre équipe de développement, mais pour les utilisateurs. Notre solution est capable de s’adapter à tous types d’écosystème, que ce soit technique ou contractuel. Il se met en œuvre très simplement sans grosses intégrations lourdes et coûteuses et travaille avec les solutions logicielles en places en bonne synergie. Le modèle de données entièrement accessible via les API Rest permet à quiconque le souhaite de connecter ses applicatifs sans complexité particulière. En résumé, une offre simple à mettre en œuvre, agile et avec un coût de CAPEX quasiment nul si les maquettes sont propres et un OPEX réduit au minimum car maintenable par le client lui-même.
En synthèse : Agile, simple et économique à mettre en œuvre, près à l’usage, sécurisant et source d’efficicacité et d’innovation pour l’ensemble des acteurs.
Vous avez été récompensé par un BIM d’argent l’année passée. Est-ce une consécration pour vous et qu’est-ce que cela a changé ?
Nous avions déjà eu le BIM d’OR il y a quelques années, le BIM d’Argent en exploitation nous a permis de confirmer que l’on continuait dans la bonne direction. Une consécration, non. Pour moi, la plus belle des récompenses est celle de croiser des utilisateurs de la solution qui sont très heureux du service rendu par TwinOps et des clients heureux de l’avoir mis en œuvre sur leurs sites. Cependant, le concours du BIM d’Or permet de valider une orientation dans le monde du BIM et d’échanger sur la vision de l’avenir avec tous nos confrères. Si je devais retenir un point intéressant sur le BIM d’Argent de l’année dernière, c’est le déclic chez le client d’envisager un déploiement sur l’ensemble de sa propre activité dans le domaine de l’habitat social. On reviendra cette année c’est sûr, avec je l’espère quelques beaux dossiers atypiques.
Cette solution est-elle déjà installée sur plusieurs sites ?
Aujourd’hui, nous avons environ 20 sites équipés et autant à mettre en œuvre sur le reste de l’année. Nous accompagnons le déploiement en Allemagne sur l’ensemble du PPP gérant les Lycées et Collèges, nous venons de signer des accords cadre avec de grands groupes de gestion immobilière Français et espérons avoir la green light de la commission CYBER pour un déploiement dès la fin d’année sur un certains nombre de sites de la défense.
De quels projets sur lesquels TwinOps a été installé es-tu le plus fier et pourquoi ?
Je n’ai pas vraiment un site en particulier. La relation avec l’équipe immobilière de Thales est extraordinaire pour monter ce type de projet. Coconstruire en écoutant et en proposant des innovations à nos clients avec un droit à l’échec permet d’oser la disruption. Mais je pense que ma plus grande fierté est TwinOps en tant que tel. Partir il y a 6 ans d’une page blanche avec une technologie immature et avoir pu convaincre un marché et le groupe VINCI d’en faire un produit et une entreprise digitale avec une équipe exceptionnelle passionnée par son travail, vaut pour moi tous les plus beaux projets livrés et ceux à venir.
Quel est le business model de cette solution et quelles économies potentielles peut s’attendre un client qui la déploierait ?
Le business model est très simple. Il est composé d’une licence de base avec la possibilité :
- D’options « premium » correspondant à chaque flux de données avec ses fonctions (GMAO, GTB, Portail de Service, ERP)
- D’un service d’accompagnement si besoin facturé au taux journalier.
Les coûts de licences de la plateforme sont calculés sur la base de la surface SHOB de l’ouvrage et renouvelables annuellement. Les options sont activables à tout moment et peuvent êtres souscrites par n’importe quel membre de l’écosystème. Permettant à un propriétaire de contractualiser l’offre de base, à un mainteneur de prendre l’option GMAO, un Energy Manager l’intégration GTB et à un occupant le lien avec son portail de services. Une fois l’option contractualisée elle est disponible pour tous sur le site.
Côtés économies, les ROI sont multiples et dépendent du type de site. Il y a certes des gains économiques et qualitatifs sur la maintenance multi technique, mais on retrouve aussi des gains importants à moyens termes sur la tenue à jour et le recollement des DOE pour les gestionnaires lors de travaux. Pour moi, le plus gros ROI arrive lorsque tout le site est connecté et que l’on supprime tous les doublons. Par exemple lorsque l’on met à jour la maquette BIM et qu’automatiquement la GMAO, les fonds de plans du portail de services et le recloisonement de la GTB se font sans autres opérations. Ce sont parfois des opérations coûteuses ou pire non faites mais qui impactent énormément le référentiel du bâtiment. Tout le monde est convaincu de l’intérêt et du retour économique à venir. Mais c’est un peu comme le confinement au rythme du bâtiment, il faut être patient pour mesurer tous les effets.
TwinOps avec son implémentation des données de capteurs et senseurs est-il potentiellement source d’économies d’énergie, d’une gestion fine de l’occupation de locaux et surtout un vecteur de compréhension de l’utilisation qui est faite d’un bâtiment et donc générateur de services à proposer aux clients par son propriétaire ?
Oui, c’est l’une des fonctionnalités de la plateforme tant sur l’aspect suivi énergétique et pilotage des installations. Ce sont des sujets que nous poussons très loin actuellement avec les solutions BOS Tridium avec VayanData. (J’invite les lecteurs à consulter le livre blanc que nous avons cosigné ici).
Le dernier site équipé a permis de rentabiliser en un an l’ensemble de l’intégration et du déploiement GTB grâce aux économies d’énergies.
Côté occupant oui, la mise en place de TwinOps par un propriétaire est créatrice de services et de valeurs pour l’occupant. Après, libre à lui d’en faire l’usage ou non. Mais il est souvent apprécié pour différents usages :
La gestion des espaces réservables
La gestion du confort et de la qualité de l’environnement de travail
Le ticketing avancé
Les télécommandes de confort
L’optimisation des espaces (space planning et management)
La géolocalisation indoor avec routage 3D
La Réalité virtuelle et augmentée
TwinOps n’est que pour les « gros bâtiments » ou s’adresse-t-il aussi aux petits maîtres d’ouvrage et propriétaires fonciers ? En résumé, il y a-t-il une taille critique pour le mettre en place ?
Le modèle de coûts est proportionnel aux nombres de m² donc pas de contraintes à une mise en œuvre sur tous types de sites. Le plus petit site actuellement dans la plateforme est inférieur à 1000m2. A partir du moment où il y a la modélisation, pas de problème. Aujourd’hui, le marché des constructions en BIM concerne des sites supérieurs à 10 000m². Pour les petits sites, on est sur une logique de petits sites diffus de type réseaux d’agences, points de ventes avec un pilotage en central.
Comment interagissez-vous avec les autres filiales du Groupe telles que VINCI Construction ou VINCI Concessions ? Votre solution est-elle un avantage pour elles lorsqu’elles construisent ou exploitent des bâtiments ?
J’ai évoqué précédemment les points de convergences avec les équipes de VINCI Concessions côté gestion patrimoniale en tenant compte de leurs métiers spécifiques Aéroport et Infrastructures d’Autoroutes et leurs dimensions internationales.
Avec les équipes de VINCI Construction, nous sommes plutôt sur un partage des bonnes pratiques pour que leurs livrables soient Plug & Play dans TwinOps et FM compatible. L’avantage de notre solution est restreint pour eux, car nous ne nous positionnons pas du tout sur la phase d’exécution qui est aujourd’hui le périmètre de Sixense-Digital. Il est cependant en cours de discussion une mise en œuvre et fourniture OEM (en standard) de TwinOps pendant l’année de GPA, pour les sites livrés en BIM afin que les clients puissent facilement opérer et consulter leur DOE Numérique. Ils font régulièrement appels à nous pour aider leurs clients à définir leurs attentes et besoins en termes de BIM FM.
Côté exploitation, oui c’est avantageux par rapport à un site non équipé de la plateforme, mais l’investissement ne peut être porté uniquement par les gains sur la maintenance.
Quid du stockage des données ? Sont-elles sur vos data centers ou autres ?
L’ensemble des données est par défaut dans les tenants Cloud Microsoft Azure hébergé en France et sécurisé par les équipes AXIANS. Il est possible sur demande de la mettre en œuvre sur un tenant du client autre, voir même sur les serveurs locaux de nos clients. La plateforme est entièrement boxable et déployable dans n’importe quel environnement. Seuls les coûts de maintenance et l’hébergement changent.
Quel est le potentiel du marché que vous adressez ? Etes-vous purement français ou envisagez-vous de cibler aussi l’Europe et le Monde ?
On espère le plus large possible, mais nous sommes très vigilants sur le niveau de services et l’accompagnement des clients pour garantir le bon fonctionnement de l’ensemble. Nous ne voulons pas grandir trop vite et décevoir nos clients. La majorité de nos contrats sont historiquement Français, mais nous sommes déjà présents en Allemagne, au Maroc et bientôt en Pologne via nos relais locaux VINCI Facilities formés par nos équipes. Nous recevons un nombre croissant de demandes provenant de l’Europe du Nord et des USA, mais nous recherchons les bons représentants locaux pour assurer la distribution. L’équipe TwinOps se construit et grandit très rapidement et nous espérons ouvrir de plus en plus de marchés dans les années à venir. Aujourd’hui, nous n’avons aucune limitation, si ce n’est notre capacité à suivre.
Quels sont vos objectifs et plans de développement pour le futur ?
La RoadMap est déjà pleine pour les 3 à 4 ans à venir. Notre objectif est de fournir le même niveau de service au Property Manager et à l’Asset Manager et l’occupant que celui disponible pour l’exploitant. Avec toute la partie BI.
Nous travaillons à court terme pour augmenter le nombre d’applicatifs métiers interopérables afin de fournir un volume de fonctionnalités le plus riche possible.
A moyens termes, sur les capacités à faire du prédictif et de la projection statistique de vieillissement.
Nous apprenons tous les jours sur les métiers et les besoins de nos clients et nos priorisations sont parfois modifiées pour garantir le meilleur ROI pour nos clients. Je pense sans en dire trop que vous serez assez surpris des nouveautés présentées lors de BIM World et dans les prochains mois.
Quel message souhaiterais-tu passer à nos lecteurs ?
Si j’ai un message à faire passer, c’est celui de bien définir les attentes et anticiper les besoins très tôt dans les projets. Le digital est un lot à part entière qui doit être géré comme tel. Ne partez pas de la solution pour définir le besoin, mais définissez le besoin pour trouver la solution.
Connaissais-tu ABCD Blog ?
Oui, depuis de nombreuses années, il me permet de garder un œil sur l’actualité du BIM Francophone et des normes sans être perturbé par les communications commerciales. La fréquence des actualités convient bien à mes disponibilités.
Mathieu, un grand merci pour le temps que tu nous as accordé et la richesse de ta présentation. Nous te souhaitons un vrai succès sur la route du BIM GEM.