[Interview] Nicolas Boffi, Arcadis France « améliorer la qualité de vie et concevoir un monde meilleur pour les générations futures » !

Cette semaine, nous avons le plaisir d’accueillir une Grande Société d’ingénierie Internationale – Arcadis – qui travaille sur de nombreux projets prestigieux et qui est notamment un précurseur du CIM. Arcadis est l’un des grands groupes internationaux leader en conception et conseil de l’environnement naturel et construit en infrastructure, eau, environnement et bâtiment.

Pour répondre à nos questions, c’est son Directeur du Développement France Nicolas Boffi, qui nous fait l’honneur de partager son expérience et son rôle clé au sein de cette belle entreprise.

Nicolas Boffi | Directeur du Développement | nicolas.boffi@arcadis.com
@nicolas_boffi

Bonjour Nicolas, bienvenue sur ABCD Blog. Pourrais-tu te présenter et nous décrire brièvement ton parcours universitaire et professionnel avant Arcadis ?

Bonjour Emmanuel. J’ai une formation d’ingénieur (EIVP) et d’urbaniste (Université de Marne-la-Vallée). J’ai débuté mon parcours professionnel en AMO pour les collectivités et les aménageurs publics dans deux sociétés françaises de taille moyenne avant de rejoindre le groupe Arcadis en 2010.

De nombreuses personnes connaissent Arcadis mais certainement de manière superficielle. Pourrais-tu s’il te plait nous présenter Arcadis au niveau global, et ses nombreux secteurs d’activité ?

Arcadis est un acteur mondial de l’ingénierie et du conseil, dans le top 3, tous métiers de la construction confondus avec un CA Brut de 3.5 Milliards d’euros. Nous sommes près de 28 000 collaborateurs dans le monde (répartis à parts égales entre les continents américain, européen et asie/pacifique). Nos prestations de conseil et d’ingénierie se déclinent aujourd’hui à travers quatre grands axes de croissance que sont l’urbanisation, les mobilités du futur, la transition énergétique et les industries résilientes. Parmi nos projets de référence dans le monde : l’étude du BIG-U à New-York, HS2 au Royaume-Uni, le Grand Paris Express, le Burj Khalifa à Dubaï, l’aéroport de Changi à Singapour, le métro de Sydney, etc.

Et la filiale française ? Combien êtes-vous et comment êtes-vous organisés ?

Nous sommes environ 750 en France, répartis sur une dizaine d’agences. Paris (environ 300 personnes), Toulouse et Lyon sont nos places fortes. Nous avons également des bureaux à Nantes, Marseille, Nice, Strasbourg, Bordeaux, Tours et Dunkerque.

Quels sont les profils de vos collaborateurs ?

Des ingénieurs pour la plupart, mais également des consultants. Et une part croissante de femmes (35%) dans nos équipes.

Quel est ton rôle au sein d’Arcadis ?

Je dirige le développement commercial de toutes nos activités sur le territoire parisien à un niveau stratégique/grands comptes.

Sur quelles typologies de projets travaillez-vous et quelle est la proportion entre projets d’infrastructure et bâtiment ?

Nous fournissons des services d’AMO, de conseil (immobilier, environnemental, technique), d’ingénierie technique et de maîtrise d’œuvre. L’activité « Infrastructure » représente environ 60% de notre activité France, le Bâtiment 25% et l’Environnement 15%.

Faites-vous uniquement de la conception ou faites-vous aussi du chantier, du consulting ?

Nous couvrons toutes les étapes d’un projet et proposons autant des prestations de conseil que de conception/suivi de réalisation.

Couvrez-vous aussi l’ingénierie de la phase gestion et maintenance et avez-vous des offres spécifiques ?

Oui, nous couvrons également cette étape de la vie des actifs : en infrastructure et en particulier dans le domaine du rail, des ouvrages autoroutiers (maintenance prédictive, diagnostics et réparations, plans stratégiques de modernisation, REPEX, etc.). Nous conseillons les exploitants dans les phases d’opérations, mais également les investisseurs dans les phases d’acquisitions pour établir les coûts de maintenance ou de mise à niveau des actifs.

En quoi le numérique et le BIM sont importants pour Arcadis ? Avez-vous une organisation spécifique pour cela ?

La digitalisation de nos services est un axe de développement prioritaire : nous investissons dans le data analytics (avec des solutions de masterplans « smart » comme City Analytics) ou dans la maintenance prédictive avec le rachat l’an dernier de EAMS et SEAMS, deux fleurons anglais de l’asset management. Quant au BIM, il est désormais totalement intégré à nos services, et ne fait pas l’objet d’un département ou d’une organisation dédiée. C’est devenu « business as usual  » !

Le BIM vous permet-il de décrocher des contrats plus aisément ?

Les clients ont pour l’essentiel normalisé l’utilisation du BIM. Certains sont tout à fait bien outillés et il est désormais très difficile de se différencier sur le sujet. Donc je dirais que c’était le cas il y a 4 ou 5 ans en particulier en Infrastructure où le secteur était très en retard par rapport au bâtiment, mais aujourd’hui ce n’est plus le cas. A une exception près, le CIM Management, où nous avons une expérience et une antériorité tout à fait intéressante (sur des projets pilotes comme le projet urbain la Vallée à Chatenay-Malabry, ou la Gare d’EOLE Nanterre-la-Folie).

Vous avez justement récemment gagné un BIM d’argent dans la catégorie CIM sur un beau et vaste projet. Le premier BIM d’argent pour cette nouvelle catégorie d’ailleurs. Pourriez-vous nous en parler svp ?

Nous sommes les « CIM Managers » du projet urbain La Vallée pour le compte d’Eiffage Aménagement. Cette mission, qui est l’une des premières en France, vise à organiser et structurer la donnée BIM de l’ensemble des ouvrages et bâtiments du projet (et pas seulement des infrastructures), puis de coordonner la conception de chaque maquette et d’avoir en temps réel l’avancement du projet urbain avec l’ensemble des données, structurées et cohérentes.

Vue de la maquette CIM du projet urbain « la Vallée » pour le compte de la SEMOP de Chatenay-Malabry

Quels sont vos éléments différentiateurs par rapport aux autres ingénieries ?

J’en vois plusieurs :

  1. Notre expérience internationale sur des projets complexes de grande envergure et dans des domaines qui l’exigent, comme l’aéroportuaire, les grandes infrastructures linéaires, les nouvelles mobilités.
  2. Notre organisation matricielle agile, sans centres de profits régionaux, qui facilite la mobilisation des équipes sur les projets, où qu’elles soient.
  3. Notre maîtrise des outils digitaux et notre appétit pour l’innovation.
  4. Notre culture unique, qui favorise la prise d’initiatives, l’autonomie et la flexibilité de nos collaborateurs. 

Quels sont vos plus belles réussites dont tu aimerais nous parler ?

Je parle souvent de deux références marquantes :

  • A New-York, tout ce que nous avons produit dans le domaine de la résilience au changement climatique : le programme « Fix & Fortify » pour adapter le métro de NYC aux catastrophes de type Kathrina, ou encore l’étude du BIG-U qui propose des solutions urbaines intelligentes et intégrées pour limiter la montée des eaux dans le secteur particulièrement exposé de Lower Manhattan.
  • En France, tout ce que nous avons étudié pour le compte de Paris la Défense grâce au BIM : l’adaptation de leurs infrastructures, la valorisation des volumes inutilisés, la création de nouveau foncier dans des espaces très restreints et complexes. Nous avons ainsi modélisé une très grande partie de tout le quartier d’affaires.

En tant qu’ingénieriste, est-il facile de collaborer avec la maîtrise d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage en général en France ?

Je distinguerais deux réalités : celle de la commande publique, où la France est un pays devenu hyper-compétitif et où les niveaux de prix continuent inexorablement de baisser alors que la complexité augmente. Dans ces conditions, la collaboration et le dialogue ne sont pas toujours favorisés.

Et celle de la commande privée, beaucoup plus diverse, avec des relais de croissance intéressants pour les ingénieries (Data Centers, Immobilier d’Entreprise, Industrie) où nous pouvons exprimer nos différences, pas uniquement sur le prix.

Mais je ne dresse pas un tableau en noir et blanc, la commande publique a du bon et elle reste très protectrice des fournisseurs de service.

Le BIM permet-il d’améliorer cette communication ?

Oui ! Nombre de réunions de travaillent se font désormais autour de la maquette, et pour les projets complexes ce type de présentation est devenu un pré-requis.

Vous avez un partenariat avec Autodesk au niveau international. Cette collaboration est-elle importante pour vous ?

Nous sommes en effets équipés des suites logicielles Autodesk via un partenariat international.

En quoi les solutions d’Autodesk vous permettent d’être plus compétitifs ?

Pour pouvoir collaborer avec tous ceux qui utilisent les mêmes logiciels et fournir le niveau de service attendu.

Vous avez créé Arcadis Gen, quelle est cette nouvelle structure et de quoi s’occupe-t-elle ?

Arcadis Gen est une nouvelle société d’Arcadis destinée à porter des solutions orientées vers le traitement de données dans l’asset management, l’évaluation des coûts à large échelle et la gestion de portefeuille.

Pourrais-tu nous parler de l’innovation chez Arcadis et des actions que vous menez ?

Arcadis a une longue tradition d’innovation constante depuis sa création il y a 150 ans ! Et l’irruption du digital n’est qu’une étape récente. Parmi les pratiques les plus innovantes je citerais nos « Sprints Orange » qui sont des séances de design thinking avec nos clients, pendant 2 à 3 jours, pour mieux comprendre leurs besoins et faire émerger des solutions adaptées à l’utilisateur final et à ce que la technologie peut apporter. Ce sont des expériences passionnantes pour nos clients comme pour nous !

Comment voyez-vous le monde de l’ingénierie de demain évoluer, notamment grâce aux nouvelles tendances et technologies ?

Le secteur de la construction a peu évolué dans ses pratiques depuis 50 ans. Il est aujourd’hui le siège d’innovations tous azimuts. Mais pour nous, il ne s’agit pas d’une fin en soi, nous le faisons dans une perspective d’améliorer la qualité de vie (« Improving Quality of Life ») et de concevoir un monde meilleur pour les générations futures (« Designing a World for the Next Generation »). Ce sont nos credos ! Au sein de nos équipes, nous constatons une vraie prise de conscience que le digital ne va pas à lui seul résoudre tous les problèmes – il peut même être la source de nombreuses dérives.

D’un point de vue technique : la préfabrication, la construction hors-site, le « re-use » dans toutes ses dimensions (réversibilité, recyclage des matériaux) sont selon moi des axes d’innovation prioritaires. Et passionnants !

Justement, étant l’un des grands leaders de votre domaine au niveau mondial, quelle est votre stratégie pour les années à venir ?

L’irruption des GAFA et des acteurs du numérique dans celui de la construction nous challenge énormément. La création d’Arcadis Gen répond à ce défi, et par ailleurs nous continuons de digitaliser un certain nombre de métiers historiques où nous voulons valoriser nos connaissances (comme dans les Due Diligence Techniques). Mais tout n’est pas qu’histoire de data ! La preuve, un projet urbain très médiatique en Amérique du Nord a été chahuté à sa présentation publique car jugé trop invasif pour la vie privée des futurs habitants…. A méditer !

Aurais-tu un message particulier à faire passer à nos lecteurs ?

Oui, ce que disait Alain : « l’intelligence, c’est ce qui dans un homme reste toujours jeune ».

Nicolas, un grand merci pour cette belle interview. Bravo pour votre excellence dans l’ingénierie et votre leadership.

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