La publication de l’étude indépendante Fenby-Taylor sur les infrastructures cyber-physiques, « Responsive Infrastructure », plaide pour une infrastructure qui réponde aux besoins de toutes les parties prenantes. Cela signifie que les propriétaires d’infrastructures mesurent plus régulièrement les performances de leurs actifs et libèrent l’innovation et les données.
Au Royaume-Uni, la plupart des infrastructures ont déjà été construites. Le Royaume-Uni compte près de 16093 kms de voies ferrées et 402336 kms de routes. Le véritable défi n’est pas de savoir comment construire de nouvelles routes ou de nouvelles voies ferrées, mais plutôt de savoir comment faire en sorte que les infrastructures existantes fonctionnent mieux dans un climat changeant, pour une population croissante, tout en atteignant la carboneutralité. La démolition des tronçons nord du HS2 (High Speed 2) montre que la planification de nouvelles infrastructures au Royaume-Uni est confrontée à de nombreux défis et que le pays devra apprendre à faire plus avec moins.
Pour fonctionner avec une efficacité maximale, les infrastructures doivent être capables de réagir plus rapidement au changement climatique, aux besoins des citoyens et à l’évolution des politiques gouvernementales. Face à l’escalade des coûts, cela nécessite d’investir dans une meilleure technologie, afin d’éviter les pannes qui privent des services essentiels, pour déplacer plus facilement davantage de personnes, de biens et de services, pour empêcher les déversements d’eaux usées avant qu’ils ne deviennent inévitables, et ainsi de suite, de l’eau à l’énergie, du transport vers les télécoms. L’infrastructure cyberphysique est le terme générique désignant ces approches technologiques, de la robotique à l’IA en passant par les jumeaux numériques.
Le changement est en marche
ChatGPT a représenté un bouleversement dans l’imaginaire collectif de la population début 2023 et a conduit de nombreux pays à doubler leurs investissements afin de prendre une longueur d’avance. Début novembre, les plus grandes puissances du monde se sont réunies à Bletchley Park pour le AI Safety Summit.
La déclaration de Bletchley signée par le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Union européenne et la Chine (entre autres) montre non seulement que les dirigeants du monde prennent au sérieux l’impact de la technologie sur nos vies, mais aussi que nous sommes à la veille d’une révolution qui risque de remodeler nos vies d’une manière sans précédent depuis l’avènement de l’automobile.
Le changement nécessite une infrastructure
Les voitures ont besoin de routes tout comme l’IA a besoin d’infrastructures cyber-physiques. Changer la façon dont l’environnement bâti fonctionne à un niveau fondamental nécessite aussi une infrastructure technologique afin d’y parvenir. Nous ne pouvons pas éviter un déversement d’eaux usées si nous ne savons pas ce qu’il va se produire. Et si des itinéraires alternatifs ne peuvent être mis en place, les travaux routiers impacteront fortement la circulation.
Le Royaume-Uni investit dans les infrastructures cyber-physiques depuis 2021. C’est la voie que les infrastructures du Royaume-Uni devront emprunter pour atteindre les objectifs ambitieux du gouvernement : du changement climatique et de l’environnement à une capacité et une efficacité accrues.
Les infrastructures ont aussi besoin de fondations
De nombreux investissements ont déjà été réalisés. Simon Hart d’Innovate UK affirme que le document Responsive Infrastructure « aidera Innovate UK et l’écosystème au sens large à développer un programme de soutien aux entreprises britanniques ». Grâce aux investissements déjà réalisés, l’infrastructure cyber-physique permet une commercialisation plus rapide, un développement moins coûteux et une collaboration plus efficace des idées innovantes.
Plusieurs « Catapult » (clusters d’innovation Britanniques) ont lancé des projets qui créent de nouvelles opportunités d’innovation. L’Offshore Renewable Energy Catapult a par exemple créé un réseau 5G qui se connecte à un environnement d’innovation collaborative appelé DOME (Digital Operation and Maintenance Environment). Pendant ce temps, Satellite Applications Catapult a développé des jumeaux numériques pour son prochain Fawley Innovation Centre, qui soutiendra les start-ups innovantes dans le cadre de l’investissement du gouvernement britannique dans l’innovation.
Voic les recommandations du document sur l’infrastructure réactive :
Mieux mesurer
Responsive Infrastructure préconise l’introduction d’une obligation cyber-physique, qui obligerait les propriétaires et les opérateurs d’infrastructures à augmenter la fréquence et la qualité des mesures qu’ils effectuent.
« L’infrastructure a déjà un grand nombre d’objectifs à atteindre, mais en exigeant que l’infrastructure améliore la façon dont elle mesure ses objectifs existants, nous pouvons créer une approche de l’infrastructure basée sur les données qui rendra l’infrastructure moins chère à exploiter, et non plus coûteuse, car l’exploitation les conditions seront mieux comprises », déclare Fenby-Taylor.
Libérer l’innovation
Le document Responsive Infrastructure recommande la création d’un environnement virtuel de test et de production (sandbox) cyber-physique. « Nous avons besoin d’un environnement de confiance dans lequel les innovateurs peuvent travailler avec de véritables actifs d’infrastructure sans un long processus d’approvisionnement. Les innovateurs devraient être capables de faire des propositions afin d’améliorer les infrastructures, plutôt que d’avoir à attendre que les propriétaires d’infrastructures le demandent », ajoute Fenby-Taylor.
Le document préconise aussi de passer d’une approche axée sur les projets de recherche à une approche axée sur les produits et services qui répondent aux besoins des innovateurs en leur offrant un accès facile et à faible coût aux infrastructures selon leurs propres conditions.
Déverrouiller les données
« Bien qu’il existe de nombreuses initiatives en cours pour mieux comprendre le fonctionnement des infrastructures, bon nombre d’entre elles sont dirigées par des universitaires et, une fois le financement terminé, les données disparaissent », explique Fenby-Taylor.
Le document indique que les données dans les infrastructures doivent aller au-delà des principes FAIR (Findable, Accessible, Interoperable and Réutilisable) et recommande les quatre P des données. Les données doivent être produites, avoir une provenance, être pérennes et être protégées.
« Si les données sont traitées comme un produit ou un service, elles peuvent alors ajouter de la valeur à long terme », ajoute Fenby-Taylor.
Responsive Infrastructure affirme que le fait de baser la construction et l’exploitation des infrastructures sur les données les rendra plus réactives aux politiques et stratégies des propriétaires d’infrastructures et du gouvernement.
« Si nous pouvons tester nos politiques en temps réel, nous pouvons alors évoluer en temps réel », déclare Fenby-Taylor.
Créer l’unité
Le document recommande une vision et un leadership uniques qui rassemblent le gouvernement, les innovateurs et les citoyens, ainsi que les propriétaires et exploitants d’infrastructures, et qui répondent aux besoins de ses parties prenantes.
Fenby-Taylor déclare : « Je salue le lancement de l’écosystème d’infrastructure cyber-physique. Si nous voulons améliorer la vie des citoyens, si nous voulons demander aux infrastructures de faire plus avec moins, si nous voulons que les politiques deviennent efficaces en temps réel et si nous voulons que l’innovation continue comme d’habitude , alors nous avons besoin d’un écosystème d’innovation comme celui-ci.
« Il y a beaucoup de travail à faire et c’est un grand défi, mais cet investissement pourrait faire du Royaume-Uni un leader mondial en matière d’innovation en matière d’infrastructures, ce qui profiterait à l’économie, à la nature et à la société. »
Lisez le document sur l’infrastructure réactive ici.