Les experts estiment que les marchés liés au secteur de la construction peuvent bénéficier d’une stratégie de soutien de l’État
A l’instar de nos voisins Britanniques et leur Rapport et Stratégie Construction 2025, le Gouvernement Français a mandaté des Experts pour établir un état des lieux et aussi se projeter dans le futur.
Comme le dit la synthèse de ce rapport : devenir une économie de rupture technologique nécessite de faire des choix de secteurs prioritaires, sur lesquels focaliser des soutiens massifs à l’innovation, au-delà des aides transverses à l’ensemble des secteurs. Une telle intervention ciblée, orientée sur le long terme, doit permettre d’anticiper, de préparer et d’encourager les grandes transitions (numérique, environnementale ou démographique) qui vont venir remodeler notre société à horizon 2030, tout en garantissant notre souveraineté nationale.
Le constat est honnête et clair et reconnaît enfin que les principaux pays concurrents de la France déploient ces dernières années des politiques d’innovation sectorielles particulièrement ambitieuses et se sont donné les moyens d’aller vite dans le but de capter l’essentiel de la valeur créée par les marchés émergents à forte intensité technologique. La Chine (Made in China 2025), la Corée du Sud (comité de la 4ème révolution industrielle), l’Allemagne (New High-Tech Strategy) focalisent ainsi des efforts massifs sur un nombre restreint de secteurs stratégiques. Ces initiatives favorisent le travail collectif de ces entreprises et mobilisent des leviers publics financiers et non financiers importants, accentuant le risque d’un déclassement technologique et industriel de la France. A cet égard, force est de constater que les entreprises françaises ont enregistré un recul régulier de leurs positions dans la hiérarchie mondiale au cours des 15 dernières années (3 présentes dans le top 100 du classement Forbes en 2018, contre 10 en 2006), avec des conséquences trop souvent douloureuses pour nos territoires. Cette compétition internationale exigeante et de plus en plus rapide nous oblige. C’est dans ce contexte que le Ministre de l’Economie et des Finances conjointement à la Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation ont confié la mission à un collège d’experts construit autour du Conseil de l’innovation d’établir une stratégie ambitieuse et sélective pour déclencher une nouvelle dynamique industrielle et entrepreneuriale sur des marchés émergents. La construction de stratégies d’accélération pour ces marchés, et la sélection de marchés prioritaires sur lesquels concentrer l’action publique, seront un élément clef du pacte productif annoncé par le Président de la République au mois d’avril 2019.
Un rapport du panel d’experts mandaté dans le cadre du «Pacte Productif» pour identifier les marchés émergents éligibles à une stratégie de soutien de l’État a été remis au ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, et au ministre de l’Enseignement supérieur de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal le 7 février 2020.
Ce rapport a identifié 22 marchés clés, dont certains peuvent être liés au secteur de la construction :
- La décarbonation de l’industrie;
- La nouvelle génération durable de matériaux composites « hautes performances »;
- Le bâtiment intelligent;
- Le recyclage des matériaux de construction;
- La fabrication additive (ou impression 3D).
Ce document mentionne également le développement du BIM comme l’un des enjeux majeurs du secteur de la construction pour lutter contre la précarité énergétique.
Dès lors, le développement du marché de la rénovation énergétique des bâtiments combiné au développement d’équipements pour contrôler et améliorer l’efficacité énergétique et le confort des bâtiments, via notamment le développement de la domotique ou encore celui de la modélisation des données du bâtiment (BIM), doit permettre la réalisation de bâtiments répondant aux enjeux : – de lutte contre la précarité énergétique (facteur important d’inégalités territoriales de santé, touchant les ménages les plus précaires) ; – de réduction des consommations énergétiques ; – de création d’emplois non délocalisables et plus qualifiés (force de travail non délocalisable du secteur du bâtiment et par ailleurs la domotique demande aux professionnels du bâtiment d’être de plus en plus qualifiés).
Les Ministères de tutelle du bâtiment et des TPs, et de l’Architecture (Ministère de la Culture), ainsi que les corpus professionnels sauront-ils entendre et accepter ce constat qui n’est que trop vrai depuis plus d’une décennie et entamer enfin les réformes nécessaires ?
Sur la base de ce rapport, le gouvernement devrait procéder à la sélection finale des marchés prioritaires et développer avec les acteurs concernés des stratégies d’accélération.
Un rapport très intéressant que nous vous invitons à lire ici.