Sur PBC Today, un échange intéressant avec la responsable du BIM à l’international de Mace, Marzia Bolpagni, personnalité reconnue du secteur


Découvrez cette interview passionnante de Marzia Bolpagni sur PBC Today que nous avons traduite pour vous.

PBC Today a rencontré Marzia Bolpagni, responsable du BIM à l’international et directrice associée chez Mace, pour discuter de son parcours dans l’industrie ; la diversité et l’inclusion dans la construction, et comment l’industrie peut aider à encourager la formation de nouveaux talents éclectiques.

Pourriez-vous expliquer votre rôle en tant que responsable international du BIM chez Mace et votre parcours dans l’industrie ?

Mon rôle actuel en tant que responsable international du BIM chez Mace consiste à développer et à mettre en œuvre des stratégies numériques pour des clients internationaux en Asie, en Afrique, en Europe, en Amérique et au Moyen-Orient.

Nous travaillons dans différentes industries avec des clients publics et privés, et nous identifions leurs défis et leur parcours dans la mise en œuvre du BIM.

Plus tard, nous les aidons à prendre en considération la technologie, les processus et les politiques nécessaires pour mettre en œuvre le BIM du côté maîtrise d’ouvrage.

Lorsque nous avons développé cette stratégie, nous avons pris en compte le fait que les clients participaient à différentes étapes de la conception, de la construction et de la gestion des actifs, afin d’utiliser les données pour prendre des décisions.

J’aime mon travail parce que chaque journée est différente. Outre le travail pour les clients, je fais également des formations internes pour mes collègues et nos clients, expliquant en termes simples ce qu’est le BIM et la construction numérique.

Mon parcours dans l’industrie et dans l’ingénierie du bâtiment est un mélange entre celui d’un architecte et un d’un ingénieur structure. Après avoir terminé ma maîtrise, j’ai fait quelques années dans un centre de recherche, puis j’ai commencé mon doctorat sur l’utilisation du BIM dans le secteur public.

Cela m’a permis de vivre et de travailler à Boston pour le grand MOA Massport Authority qui est très avancé dans la mise en œuvre du BIM. Après cela, j’ai déménagé à Londres et j’ai travaillé pour le ministère de la Justice, où j’ai collaboré avec leur équipe pour mettre en œuvre le BIM du point de vue de la Maîtrise d’Ouvrage.

Après cela, j’ai commencé chez Mace en tant que manager en 2017, puis j’ai été promue depuis au poste de senior manager et maintenant en tant que directrice associée.

Comment avez-vous pu promouvoir la diversité et l’inclusion dans votre rôle de responsable international du BIM chez Mace ?

Je peux dire avec bonheur et fierté que notre équipe chez Mace est très diversifiée. Comme nous sommes internationaux, nous avons de nombreuses cultures représentées et des personnes de nationalités différentes. En termes de parité, nous avons une proportion avoisinant les 50-50 entre les hommes et femmes, et nous avons aussi des gens d’âges différents.

Nous avons également des personnes ayant des formations et un niveau d’études à différents niveaux – certaines personnes sont allées à l’université, tandis que d’autres ont juste suivi des cours en formation continue.

C’est intéressant et épanouissant de travailler avec ces personnes parce qu’on comprend ainsi que si vous voulez faire un changement, vous devez impliquer tout le monde.

J’aime vraiment travailler chez Mace parce qu’on y a la possibilité de s’exprimer et de donner son opinion, ce qui est soutenu par notre stratégie EDI (Equité, Diversité, Inclusion).

Mon rôle en tant que directrice associée est de fournir l’espace suffisant pour que chaque membre de l’équipe puisse proposer ses idées, même s’il ne s’agit que de nouveaux venus, afin que chacun puisse participer à la réussite d’un projet.

Je promeus également la diversité lors de l’embauche de personnes et j’essaye d’aller au-delà des préjugés inconscients afin de déceler et de comprendre leur talent. J’aide également mon équipe dans sa progression de carrière et l’aide à assumer plus de responsabilités en fonction de son rôle actuel.

Pendant le Covid-19, j’avais l’habitude d’avoir un échange informel d’une demi-heure car nous n’avions plus l’habitude de nous rencontrer au bureau. Nous avons utilisé cet entretien informel pour s’assurer de leur bien-être.

Pour célébrer la diversité, je pense que vous devez prendre en compte le bien-être mental, car si vous vous sentez le bienvenu, vous pouvez vous exprimer.

Avez-vous été témoin de résistance dans cette industrie dominée par les hommes ?

Habituellement, la résistance en ce qui me concerne est liée à mon âge et ma nationalité. Ils m’est souvent arrivé de me retrouver dans des salles où j’étais la plus jeune et la seule personne d’origine étrangère.

Cela vous donne l’impression d’avoir besoin de vous montrer davantage, car les gens peuvent parfois vous regarder d’une manière étrange, et penser : « Pourquoi cette jeune femme participe-t-elle à cette réunion ? »

Une fois que vous avez commencé à partager vos idées et à montrer votre valeur, les gens réalisent à quel point vous êtes talentueux et/ou compétent, mais la première réaction des gens est de vous regarder avec méfiance.

Depuis que j’ai reçu différents prix, les gens reconnaissent désormais ma valeur, mais au début, cela a été assez difficile. J’ai en effet reçu différents prix, tels que celui de Jeune ingénieur de l’année, et bien d’autres.

Le secteur de la construction est dominé par les hommes et être une femme n’est pas facile, mais changer la perception de l’industrie et proposer différents modèles peut inciter davantage de personnes à s’y joindre.

Quelles initiatives avez-vous menées ou auxquelles vous avez participé pour inspirer et soutenir la prochaine génération de femmes professionnelles dans l’industrie de la construction ?

J’ai encadré des femmes à l’intérieur et à l’extérieur de mon entreprise, telles que des étudiantes et d’autres femmes de l’industrie d’âges différents. Il s’agissait d’inspirer non seulement les femmes mais aussi les jeunes qui veulent changer le secteur en s’attaquant au changement climatique.

Je pense qu’il est très important non seulement de changer le secteur, mais aussi de redonner espoir aux nouvelles générations.

Grâce au mentorat, j’encourage mes mentorés à faire des présentations lors d’événements et à prendre la parole lors de conférences afin qu’ils puissent être reconnus pour leur travail et qu’ils puissent apprendre à parler en public.

J’ai nominé d’autres femmes pour plus de 10 prix. Je pense qu’il est important que les talents qui vous entourent soient reconnus, car plus vous valorisez les talents, plus vous créez un réseau et une communauté de talents.

J’ai également récemment pris la parole lors d’un TEDxTalk sur le pouvoir de la technologie et de l’éthique dans la construction. Il s’agit d’aider et d’inspirer la prochaine génération de femmes à s’exprimer et à travailler dans ce secteur, même si elles ne sont pas des professionnelles.

TEDxTalk sur le pouvoir de la technologie et de l’éthique dans la construction

Je pense que TEDx est un moyen de parler à un public plus large et d’expliquer : qu’est-ce que le BIM ? Qu’est-ce que le numérique ? Et pourquoi l’éthique devrait être au centre de cette discussion.

Marzia a pris la parole lors de plus de 200 événements dans 27 pays pour inspirer les futures générations du secteur de la construction. C’est aussi l’occasion de rencontrer des femmes lors d’événements, tant professionnels qu’universitaires, pour partager mes idées et montrer aux gens que si je peux le faire, ils le peuvent aussi.

Il est toujours agréable de recevoir des messages d’autres femmes me disant que je suis leur modèle et me remerciant de partager mes idées et mon parcours. Je pense qu’il est important que j’aie ce rôle de leadership, car tant que nous n’aurons pas plus de femmes au pouvoir, nous ne pourrons pas changer les choses.

Pouvez-vous donner des exemples de la manière dont vous avez collaboré avec le milieu universitaire pour inspirer et impliquer davantage de femmes dans la recherche et l’innovation en ingénierie numérique ?

J’ai présenté dans plus de 25 universités jusqu’à présent en tant que conférencière invitée, et je suis également professeur associée honoraire à l’UCL au Royaume-Uni.

Je suis également professeur invitée parrainée par la Royal Academy of Engineering de l’Université de Northumbria. Dans le cadre de ces rôles, je fais des supervisions de mémoires pour soutenir les étudiants. J’encourage mes étudiants à étudier différents sujets et je les prépare à entrer dans l’industrie en consultant leurs CV et leurs profils LinkedIn pour des entretiens d’embauche.

Plusieurs de mes étudiantes me demandent des conseils sur la façon de gérer les défis de leur carrière lorsqu’elles travaillent dans la construction et qu’elles se sentent éclipsées et je leur donne des conseils sur comment faire face à certains commentaires misogynes de collègues.

Une étudiante que je soutiens à l’UCL a vu son travail publié lors d’une conférence, et il a également été publié dans un livre. Il était important qu’elle fasse reconnaître son travail en tant que professionnelle, bien qu’elle soit au début de sa carrière.

Comment le secteur pourrait-il selon vous encourager les nouveaux entrants ?

Je pense que l’industrie devrait proposer différents modèles. Lorsque nous pensions au secteur de la construction, nous le considérions simplement comme quelque chose qui tourne autour d’un chantier de construction, fonctionnant avec des grues et de lourds engins.

Grâce à l’approche numérique, de nombreux nouveaux rôles émergent, tels que les experts en cybersécurité, la blockchain, le BIM, les jumeaux numériques, etc.

Nous avons besoin d’un bassin de talents diversifié – bien sûr, une expérience dans le secteur de la construction est nécessaire, mais maintenant, l’ensemble des compétences pour ces rôles est beaucoup plus diversifié. En tant qu’industrie, nous devons faire un effort collectif pour expliquer à la jeune génération que la construction est un secteur passionnant dans lequel travailler.

Nous devons également montrer l’impact que le secteur a – la construction génère plus de 40% des émissions mondiales de CO2, donc si nous voulons faire changer les choses, c’est dans l’industrie de la construction que cela se joue.

Source en anglais sur PBC Today.

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